mardi 30 octobre 2012

Cold senteur

Un call center ça ne sert à rien d’autre que générer des économies financières par des rats à tableurs pour des cafards spéculateurs, ça emmerde 100% de ceux qui se voient contraints de les appeler à des prix prohibitifs. 
Cette médiocre solution de facilité n’apporte rien aux clients, est une insulte à la notion intrinsèque de service rendu et n’entretient l’illusion d’une relation humaine pour personne.
Sous-traiter tout service dû (de facto) après un paiement client quel qu’il soit (garantie, assistance, commande initiale ou supplémentaire) auprès d’étudiants sous-payés (au mieux) ou de salariés pauvres et non syndiqués dans des pays misérables (et bien pire est possible) : bas, brutal, cupide, méchant, âpre, aigre et désagréable.
A ce sujet, qu’aucune illusion ou faux semblant ne soit affiché avec fourberie servile ou hypocrisie affichée : nous haïssons les call-center à tout jamais, comme l’on déteste les furoncles, les cors aux pieds et les hémorroïdes.
Les maux précités peuvent à la rigueur se soigner, l’épidémie de cette forme de maltraitance du consommateur et maintenant du salarié en entreprise semble bien plus proche des pires maladies mortelles dont l’être humain se voit frappé.
Bon, ça c’est fait.
Maintenant je vais vous causer des meubles à monter soi-même, de la privatisation des services publics, des stock-options, des intérêts débiteurs, de la gloutonnerie financière, du RER qui est arrêté à cause d’une enclume suicidaire, de la météo qui se trompe un jour sur deux, …
Ou plutôt, non. Abordons des sujets ensoleillés.
Pour vos suggestions, merci de téléphoner au 080099999, Amadou ou Liu-Bao seront ravis de répondre à vos remarques, après que vous ayez tapé * puis 4, 1, et # ou pas, ou enter (1€ la minute plus coût forfaitaire indexé).

lundi 29 octobre 2012

Leurre d'hiver

Chaque année ils nous la ressortent du chapeau mou. L’heure d’hiver ? Berk.
Lâchez-nous donc avec ce changement d’heure pénible, irritant, raplapla, moralisateur et hérité des années ’70.
Déboule une nuit d’encre à des horaires qui font passer Paris centre pour Enontekiö (Nord Finlande, à 2 coups de traîneau de la frontière norvégienne) à partir d’un moment antérieur à l’heure du thé au 10, Downing Street.
Horreur, malheur. Vous êtes au bureau, vous sortez étourdi d’une deuxième réunion post-déjeunatoire, vous regardez par la fenêtre et pif, c’est cuit. Ambiance de panne de courant au dehors.
En ces dispensables mois qui se terminent par le sinistre son « bre », vu que la luminosité ambiante est égale à celle régnant dans une cellule ukrainienne (pour ceux qui on a la chance d’avoir une meurtrière), que l’on soit dans le gris foncé ou le noir Soulages, c’est du pareil au même, non ?
Je m’interroge. Si les plantes encore vertes à pareille époque sont supposées exister via la photosynthèse, doivent-elles alors leur survie aux lueurs de génie qu’elles auraient capté chez quelques rares êtres humains qui les frôlent parfois de leur présence tellurique ? Parce que, côté rayons, le soleil est passé chez Merkel, il connaît l’austérité et le sourire est une option payante. L’astre divin est aux abonnés absents, il frétille mais derrière les nuages, il nous fait le coup de la panne. Non seulement il apparaît moins souvent que Prince dans son fan-club d’Utjoski (Finlande, 200 km encore au Nord d’Enontekiö), mais en plus on lui donne des horaires de retraité sous Lexomil, déjà en apnée après le deuxième tour de chiffres, alors que Madame Leblanc vient de trouver 587, avec des combinaisons de 75 fois 8 et de 5 moins 2.
Comment voulez-vous y voir clair ?    

vendredi 26 octobre 2012

Ce cher, ce regretté collaborateur

Message express, top urgent catégorie 1+
A tous les employés de notre Groupe
Nous avons le regret de vous informer que John K. Magnengerd, Senior VP Executive, EMEA Asia Pac., Lunar 1 et 2, Univers, en charge du Marketing,  des Opérations Opérationnelles, des Finances Financières et de l’Outsourcing Outsourcé a donné une nouvelle orientation à sa carrière.
Après 10 ans de succès constants, d’un leadership digne des cas d’écoles des MBA les plus ardus et d’indéniables victoires stratégiques au sein de notre bien aimé Groupe et de ses Filiales filialisées, il a montré le chemin des profits à triple digit tout en conduisant des évolutions évolutionnelles, dans le cadre partagé de notre nouvelle politique globale « CCCP » (customer customer customer, profit). Son souvenir marquera à jamais les réalisations tactico-concrètes de nos marques dont les parts de marché sont en augmentation permanente. Il a été remplacé ce jour, 00h02 GMT+1 (Eastern -3, corrected time, fuseau horaire winter) par Magnerd K. Johnsson, anciennement Ultra Senior Executive Medical Medicines USA, Wyoming, Mars 3 et 4. Notez que Magnerd aura la tâche supplémentaire de restructurer les Départements Recherche et Recherche 2, ainsi que la DOUIL (Direction Organisationnelle Universelle Intramoléculaire Légale).
John a pris cette décision tout seul, en pleine connaissance de cause, avec le sourire. Il était même hier encore en réunion, on buvait un café et tout à coup il me sort… mais là je m’égare.
Si vous avez des questions, gardez-les vous.
Ou écrivez à
DRH outsourcée du Groupe- cellule B125- Bucarest Cedex 1984 (mettre un timbre)
Votre Chef avec un grand C, Hector W.G. Linkerzinaörd
Chairman of the Topboard of Supra Powa, MSC, KL, HG, PCV, DDT, TNT, PCF, ltd.       

mardi 23 octobre 2012

Ha ha ha ha

J’ai été voir une pièce de théâtre magnifique sur la 2ème guerre mondiale, dans une zone de guerre urbaine et j’ai survécu.
Samedi dernier, je partis à l’aventure vers des terres lointaines. Pour un Saint-Germanois qui travaille à Rueil-Malmaison et va le weekend au jardin du Luxembourg, voire Boulevard Beaumarchais, s’exiler à… Aubervilliers est une odyssée ! Aventure à qualifier d’exotique, dépaysante, atypique, décalée et même un peu périlleuse, non ?
16h22. En avant vers la pièce HHhH, prodigieuse adaptation du formidable roman de Laurent Binet, qui se joue (pas de chance) au Théâtre de la Commune de la dite cité, dans le (oh !) 93. Le GPS connaît ? Oui, apparemment.
17h15. Il pleut, il fait gris. Un temps à se jeter sous le RER. Arrivée sur place, les yeux ronds après avoir longé des rues sinistres, des bâtiments condamnés. Tiens ! Des barbus et des femmes voilées option monochrome et  «juste une visière pour les yeux ». Tiens ! C’est un vrai vidéoclip de rap, tant il y a de casquettes NY au square meter. Pas de place pour se garer près du joli théâtre, îlot de culture qui contraste un max.
17h25. Après avoir tourné dans le quartier, et croisé une partie des sosies de Sexion d’Assaut et de l’état major d’Al Qaïda, je me gare devant une porte verte.
17h30 ; Dans le sac de mon épouse se retrouve le GPS. On y va. Ma petite 107 est bien le véhicule le plus menu, 3 rues à la ronde. Festival de Mercedes type « Beyrouth » et de BMW rabaissées. Des mécaniciens attaquent leur travail en plein air.
20h05. Sortons du théâtre, public à 180° du public extérieur. Voiture toujours là. Tiens ! La porte verte ouvrait sur un lieu où des messieurs encore plus barbus sont en prière non stop. Hôô ! Partons d’ici. GPS ? HOME !!
20h50. Retour en 78100.HéHéhéHé !  

vendredi 19 octobre 2012

Joie liquide

Demain, il ne nous restera plus que le bonheur.
Quand la dernière usine aura été fermée. Quand le dernier plan social aura été annoncé. Quand travailler sera devenu une anomalie. Et quand les pauvres, là-bas, auront tous été libérés pour consommer sans filet, sans protection.
Nous lècherons les vitres et les vitrines, tous les parcs et tous les parkings. Nous engrangerons des nuages d'actions, des montagnes de dividendes sous les cieux dorés des frères solidaires qui ont tout partagé, planifié, arrosé.
Enfin, car les richesses sont pour tout le monde. Enfin, car des gares nous ne verrons plus que fumée.
Nous nous aimerons avec qui ? Entre nous comme toujours, avec des plus heureux, contre des bottes de paille, des camions entourés de nuées, de gaz. Contre des murs, des barreaux et des frontières. Une fois Bruxelles adorée, nous serons bienheureux.  Sous les ordres des ministères et des parlements, il y aura de l'or et des diamants.
Ceux qui nous ont aidés, formés, sponsorisés, où sont-ils passés, où sont-ils cachés ? Comment embrasser les instituteurs, féliciter les infirmières, basculer les donateurs, essorer les brasseurs, et décorer les philanthropes ?
Prendre un bateau pour les Îles Moustique et les paradis idéaux lointains, ceux qui brassent les hérauts et les fins, à tire d'aile de tout ratage ?
Aller les aborder, fleur au fusil et trouver quoi ? Des bureaux vides et des ordinateurs déjà déconnectés, un peu de sable et des esclaves libérés?
Etayer la Suisse sur la carte ? Couler Jersey à coups de baisers ? Recouvrir le Luxembourg de bouquets ? Décorer Monaco à coups de brioches et mettre le feu à leur amour fort et leurs princesses en salopette ?
Ou bien oublier tout ça, mettre le volume sur 5 et danser, bouche ouverte, en attendant le bleu ciel ?

jeudi 18 octobre 2012

Extrait sec

Bientôt, il ne nous restera plus que la rage.
Quand la dernière usine aura été fermée. Quand le dernier plan social aura été annoncé. Quand travailler sera devenu une anomalie. Et quand les pauvres, là-bas, auront tous été enchaînés pour travailler sans filet, sans protection.
Nous casserons les vitres et les vitrines, tous les parcs et tous les parkings. Nous maudirons les nuages d'actions, les montagnes de dividendes et les cieux dorés des vers solitaires qui ont tout croqué, bouffé, ratiboisé.
En vain, car les richesses ne sont plus de ce monde. En vain, car des cigares nous ne verrons plus que fumée.
Nous nous battrons contre qui ? Entre nous comme toujours, contre des plus malheureux, contre des cottes de maille, des camions blindés et des nuées de gaz. Contre des murs, des barreaux et des frontières. Une fois Bruxelles brûlée, serons-nous bienheureux ? Sous les cendres des ministères et des parlements, il n'y aura pas d'or, ni de diamants.
Ceux qui nous ont trahis, volés, vendus, où sont-ils passés, où sont-ils cachés ? Comment torturer les traders, faire dégorger les banksters, émasculer les boursiers, essorer les huissiers, éviscérer les financiers ?
Prendre un bateau pour les Îles Caïman et les paradis fécaux lointains, ceux qui brassent les 0 et les 1 à tire d'aile de tout partage ?
Aller à l'abordage, sabre au clair et trouver quoi ? Des bureaux vides et des ordinateurs déjà déconnectés, un peu de sable et des esclaves résignés ?
Rayer la Suisse de la carte ? Couler Jersey à coups de canon ? Recouvrir le Luxembourg de crachats ? Détacher Monaco de la côte à coups de pioche et mettre le feu à leurs coffres-forts et leurs princesses d'opérette ?
Ou bien oublier tout ça, mettre le volume sur 10 et danser, mâchoires serrées, en attendant le dégel ?



mercredi 17 octobre 2012

Estival you can

Automne, Hiver, au pied ! Restez au garde-à-vous, bronchez pas. Non mais, vous n’avez pas fini de faire braire la moitié de l’humanité ? Je crois que j’ai vraiment fait une connerie en vous créant, je devais être crevé, vous étiez sur la copie du 6ème jour, celle où j’ai laissé plein de trucs nazes et au brouillon.
Automne, regarde-toi ! Tu tiens les températures d’Eté 15 jours à l’arrache et tu commences à pisser dru sur la tête des pékins. Un coup de froid à peine les gosses rentrés à l’école et  les voilà la goutte au nez et les parents avec des mines de craie. Crac, tu rognes sur la durée d’ensoleillement, tu te gênes pas pour balancer du nuage à tire-larigot ! Tu fais des heures courtes, petit faux-cul, et en plus grises !
Le « je mets des jolies couleurs aux feuilles des arbres, lalali lalala » ? Mais c’est un coup de Tartuffe de compète ! Tu les arraches à coup de blizzard dans la foulée et puis tu ne te prives pas de faire geler à l’aube, hein mon cochon. Comme ton pote, là…
Hiver ! Sale vicelard.  Alors, toi, on te retient. Froid et mauvais, hypocrite comme pas 2, toujours prêt à empiéter sur le quota de mon petit Printemps, qui n’ose pas moufter, mignon comme il est. En revanche, la couleur, c’est pas ton fort. T’as eu une méga-promo chez Valentine sur le blanc, ou c’est moi qui divague ? Question emmerdements il nous sort le grand jeu, pépère : congères, verglas, neige, flocons, glaciers… Si tu entres à Beaubourg, on va te caser au rayon des monochromes.
Alors voilà, les 2 petits ratés. Vous êtes privés de sortie ad lib, on va dire que vous prenez perpète. Maintenant, ça va être Printemps, Eté, Printemps, Eté. Basta.
Nom de Moi, ça va détendre l’atmosphère chez les humains, ils ont déjà assez l’occasion de se taper sur la tronche.      

mardi 16 octobre 2012

Contre courant

-Hé bien je vais vous le dire tout net : j’aime pas votre Adèle, les Beatles m’ennuient et je conchie nickel Jackson.TF1 m’insupporte, j’ai décanillé la touche UNO de mon zappeur. Plus belle la vie me fait gerber. J’ai envie qu’un 747 atterrisse réservoirs pleins dans la piscine des décérébrés de la téléréalité. J’évite les talk-shows de léchage de bottes contre grosse promo. Je boude, l’écran plat de mon salon va durer 25 ans.
Au boulot, la banalité m’effraie, pas chouette du tout. On a tous la terreur d’être viré au coin du mois. La question n’est pas si mais quand. Un coup de flingue du CAC 40 ou un Opinel made in Wall Street entre les vertèbres. Attends-toi au pire, demande aux gars du Pirée. Ras le bol des consensus mous, de la réunionnite épuisante et des Pauver-point somnifères. J’en peux plus des téléconférences à goût fade, des managers sans poigne et des combines de pistonnés. On a fait le tour des clichés, on nous fait chanter en chœur la même rengaine pendant 2 ans, et pof, on recommence. La roue tourne, mais ce n’est pas celle de la fortune. Un diplômé d’Harvard bouffé par l’ambition chasse un zombie procédurier qui a fait l’X. Chef, vous avez vachement bien parlé, au séminaire de cadres. On avait centralisé les activités ? On délocalise à tout va. C’est l’Europe aveugle qui décidait ? Laissons place aux requins locaux. On disait : ‘ faut se diversifier ? Jamais d’la vie, on reste dans le corps bizness. Après ça, tu montes dans ton auto, elle est gris métal comme les autres et, vue de loin dans le parking, elle fait pas vraiment clash… Alors, je vais vous dire les gars, le type que vous avez connu, il a pété les plombs, il s’énerve. Il…
-Gérard, réveille-toi, quand tu t’endors en réunion, tu finis par ronfler un peu fort !           

Hommage et fines herbes

- Jo le Trembleur, il a eu une idée de génie. On va taxer les taxeurs !
- Tu racontes quoi amigo mio ? Ton séjour au Mexique t’a retourné le sombrero ou t’as pété les plombs à cause des Fédéraux ?
- Reste peinard ! Je vais t’expliquer la combine. Si t’es du  genre coopératif agricole, t’auras 15 pour 100 des benéf’.
- Y’a intérêt, mon pote. Quand je mets l’imper pour sortir, je me munis côté bretelles. J’ai Smith à droite et Wesson à gauche. Je peux t’envoyer un char Leclerc ad patres sur simple coup de grisou.
- Je vais te causer direct. On se pointe Place de la Bourse à l’heure de fermeture du bazar. Les types à cigare, ils sortent, puis vont boire un coup dans les rades avoisinants. J’ai un pote qui sert des Suze au « Zinc de la Banque » et il les voit qui se marrent en causant bizness, tout comme toi tu causes de sulfateuses.  
- Y font la même chose chez Péchiney ou Simca, non ?
- A part que là, les types en question, ils ont plus de pognon qu’un émir ! On en prend un en filature, on le coince entre 2 portes cochères. On lui raconte qu’il aura plus un chicot debout si demain il nous file pas une mallette avec des Pascals dedans, serrés comme des sardines dans une boîte !
- Ton gugusse, il va filer chez les condés ! Les cols blancs, c’est plus frileux qu’un baigneur sur une plage du Pas de Calais !
- Mais non, mon Raymond ! C’est là qu’on est rusés comme des indiens ! Le type on le prend en carrosse et on le raccompagne gentiment chez lui. On lui dit que s’il oublie les biftons, sa femme va être veuve avant l’âge. Crois-moi, devant le perron, ce genre de discours, ça calmerait même un sanguin. Surtout quand tu lui fais miroiter le profil d’un Lüger millésimé. Tu marches ?
-  On roule, c’est parti pour racketter les racketteurs !      

Records en cascade

En mondovision sur Internet, suivi par 35 millions de joueurs de Poker en ligne (à côté de la publicité pour les assurances Enkadpaipun-Taplurhien) un grand évènement a eu lieu !
Le plongeur-explorateur Hélix Dumbgardener a battu une belle série de records hier soir. Enchaîné et lesté par un tank russe T54 de 36 tonnes par des gens sympathiques avec tous des casques audio sur la tête, il a été mis à la mer avec armes et bagages.
En plus, l’eau avait l’air froide.
Dans sa capsule faite maison, sponsorisée par Tartini Dry (un paradoxe), il s’est rapidement enfoncé jusqu’au fond de la fosse des Tsardinnes, soit 11014 mètres.
Arrivé au fond, il a déclaré « C’est sombre, ici ! «, et il a ouvert la porte comme il l’avait vu faire à la TV.
L’eau est rentrée dans la capsule avec force, il lui a fallu 12 minutes pour réussir à passer dehors. Il a commencé à sacrément étouffer. Heureusement, il avait mis un casque de scooter couleur aluminium en plus de sa combinaison de plongée des vacances.
Une de ses 3 bouteilles d’oxygène d’occasion a explosé sous la pression et la deuxième s’est retournée, lâchant son air vers l’arrière, tel un propulseur à bulles. Sa ceinture de plomb s’est détachée et a écrasé un crabe phosphorescent bizarre qui n’a pas apprécié.
Alors, il est remonté trop vite à la surface, grossissant et gonflant tel un poisson lune, propulsé par sa bouteille en furie. Il a fait un bond de 18 mètres au dessus de l’eau (record homologué), tout en étant déjà mort.
Il est retombé sur le moteur d’un zodiac, qui a mis le feu à sa troisième bouteille d’air comprimé. Tel un jet à réacteur, il a redécollé à 253 mètres (autre record homologué).
12’36’’ pour remonter de si profond, mourir en direct, et faire 2 magnifiques sauts sur l’eau.
Imbattable !

vendredi 12 octobre 2012

Arme secrète

Dans la plus grande discrétion, la e-réunion au sommet avait été organisée au e-Siège. Au 7ème e-niveau, dans la salle virtuelle du e-Conseil, feutrée à la moquette 3D épaisse et aux vitres fumées.
Jean Félicart était nerveux.
Des mois qu’il travaillait sur ce e-projet ultraconfidentiel. Pas moins de (chiffre non communicable) avait été investi auprès des plus grands e-cabinets de e-consultants. Une e-étude de marché avait été menée à bien, en prenant des précautions inouïes, via une e-cascade de sociétés-écran.
Et là, il allait avoir 20 minutes pour présenter l’idée aux plus grands e-directeurs de sa firme. Les e-Américains mutiques au menton carré, les e-Anglais dont on ne sait jamais ce qu’ils pensent, les e-Français dont on ne sait pas s’ils pensent et les e-Qataris qui n’ont pas à penser, parce qu’ils paient.
A l’heure dite, il se sentit bien petit, entre l’écran géant diffusant son « Powerpoint » 100 fois retravaillé et la gigantesque e-table 3D en « U » d’où des paires d’yeux virtuels le fixaient avec une attention réelle. En effet, la courbe des e-ventes semblait être inexorablement attirée vers le bas du tableau, quelle que fut l’énergie déployée depuis quelques mois. Et ça, les e-actionnaires ils n’aiment pas e-trop.
Il commença à dérouler son argumentation, précise, chiffrée et il arriva à la conclusion.
« Mesdames, Messieurs, voici donc le moment de vous révéler l’innovation la plus révolutionnaire au niveau commercial des 30 dernières années….. »
A la fin de son speech, il était en sueur, vidé, mais il avait révélé le e-scoop absolu, l’ultime stratégie de vente, qui allait permettre à la e-firme de caracoler en tête des e-panels de parts de marché.
Le mois suivant, on embaucha des humains pour aller démarcher les clients. Sans « e » devant…
 

Vince Bras-fort

Alors, le cycliste, on fait moins le malin ? Le tour défonce, 7 fois au sommet par des chemins détournés. C’est du travail à la chaîne, du beau braquage de braquet. Côté dessert t’aurais pas confondu la meringue et la seringue, mon petit Vince ? Du pipi de chat dans les poches, c’est plus chouette que de l’urine qui burine ! Prise de sang ou écran plasma pour toi c’est du pareil au même. EPO, pipeau, flûte et orchestre : un concert de louanges que tu n’as pas mérité. On fait l’américain et on finit en tartare.
Les tests : tu détestes ! Tu préfères la copie pas conforme aux originaux. Comme ton pote l’espingouin, le Mont-tas-d’or, celui qui mange des steaks radioactifs : il fait l’innocent mais on voit ses yeux qui brillent dans le noir. Olé au LED, le madrilène, il veut nous faire gober qu’il est clean ? Jimmy Hendrix, à côté, c’est un moine tibétain en cure.  
A vous 2, vous avez plus de kilowattheures dans les guibolles qu’un 4X4 japonais. Et vous voulez nous faire croire que vous carburez à l’eau douce ? Les forçats de la déroute, alors, ce sera vosotros. Massé sur le bord de la route, le public est bien fourré à sec côté sincérité. Tous des crétins et des créatines ? Faire confiance aux rois de la pédale, c’est presque de l’homo folie.   
Avec vos amis du plat pays, vous partagez le pot belge. Les cocktails de globules bougent et les accélérateurs de carrière sur scène. Pas de bol, la veine est tarie et les artères bouchées.
Vince, avec la Poste US comme sponsor, on reste recommandable, quand même. Timbré, t’es passé Master en Chimie 2000, à la page pour le dopage.
Pour la réput’, dommage, c’est pain grillé. Tu repars au paddock, la queue basse, le vélo sans la selle. Vas-y doucement, 30 ans de placard ça va faire des heures longues.          

jeudi 11 octobre 2012

On doit vérifier

A la fin, qui êtes-vous ? Non, une carte d’identité n’est pas une preuve. Comment savoir si vous n’êtes pas un autre qui se fait passer pour vous, hein ? Ne faites pas le malin, parce que ce type dans la cellule d’en face vient aussi de nous dire qu’il est vous. Votre compte est inexistant sur le Réseau, le téléphone que vous nous donnez n’est plus attribué. Et l’hôtel où vous étiez hier ? Remarquez que cette chaîne n’existe pas, c’est une appellation inconnue. On a vérifié aussi, il n’y a pas de 34, La Corniche à XX sur YY. La rue s’arrête au numéro 32. Bête, hein ?
Vos poches ont été vidées quand vous dormiez ? Vous n’avez pas dormi, la caméra 2 vous a filmé tout ce temps. Comment ça, un mauvais rêve ?
Et là…on rêve ce qu’on vit ou bien on vit un rêve ? Comment savoir ? Allez ho, on se réveille ! Allez avouez, vous êtes coupable ! J’ai votre dossier en hologramme, c’est pas tout rose.  
Mais comment, de quoi ? Mais, de fringrerie bijectale aggravée ! Vous prétendez ne pas savoir ce que c’est ?
Vous entourniguez des vissures, vous frénézez dans un bar, et deux schmukeurs sont touchés aux ballotinets. On a des enreugues de tout ça ! Vous faites encore l’innocent ? La pauvre Fammabarbe à qui vous avez klossaqué le champouniaque ? Dans le Bharaminne de la rue des Kraddokes ? 1 an d’arrêt tabakadolique et une infectionnarte du pelvémort ! Vous êtes du genre « connu de services de police », mon garçon.  
Si vous plaidez coupable pour les vasectatamis orientés Sud sur Dame Guicherie et vous vous retranchez dans le registre hallussinot rapport à la prise de cocostasie par voie subopticale, à la limite vous faites 55 parsecs dans le bagne de Kandahor et vous échappez à l’évissérature à chaud.
Mais d’ici là, vous devrez nous dire qui vous êtes, bordel !  

mercredi 10 octobre 2012

Grand Yaka

John H. Wanson Jr. s’agitait sur son fauteuil en cuir. Le PDG Monde des Laboratoires Glanofy n’aimait pas ce qu’il lisait sur son écran : le cours de l’action avait baissé de 3 cents ce matin.
Il pressa sur le bouton de l’Intercom et hurla : « Mary, passez-moi immédiatement Kerngtsson ! »
Une voix douce lui répondit : «  Monsieur, vous avez sous-traité l’ensemble de la direction financière l’an dernier. Je vous passe Bangalore ? Il est minuit là-bas, avec un peu de chance vous aurez quelqu’un qui parle un peu anglais »
Il hurla de plus belle : « Des incapables ! Vive l’outsourcing, je l’ai toujours dit ! Appelez-moi alors Galeotti ou Dupont-Vivien ! »
Patiente, résignée, la voix précisa : « Les sites de R. et D. sont désormais répartis entre le Laos, le Bhoutan et la prison centrale de Niamey. Les 2 professeurs à qui vous voudriez parler ? Galeotti est devenu moine, Dupont-Vivien fait la vaisselle chez Kwik Food à Aubervilliers. Les nouvelles molécules OGM sont achetées aux enchères auprès de spécialistes islamistes kazakhs. Une autre question, Monsieur ? »
Wanson Jr. marqua une pause, appuya à nouveau sur le bouton rouge du petit boîtier qui se situait devant lui. La sueur perlait sur son front.
-« Mais, vous, Mary, je ne vous ai pas encore virée ? »
-« Je suis votre infirmière, vous vous en rappelez, maintenant ? Nous avons laissé dans votre chambre capitonnée un bureau, un ordinateur et un Intercom. Vous avez encore une crise de temps à autre. Calmez-vous, votre électrothérapie recommence à 11h00. Buvez un verre d’eau. Glanofy n’a plus un seul employé dans le monde, pas même un PDG, soyez rassuré. Tout est sous-traité ! »
- « Alors qui paie pour mes soins ? »
- « Mais vous nous quittez demain, Monsieur Wanson, votre mutuelle ne rembourse plus. »        

Nom chaland

-Bon sang, il nous faut un nom pour le groupe ! On a des morceaux, une maquette et déjà 3 concerts planifiés. Va falloir faire une affiche ! T’as une idée, Guigui ?
- Bon, ce qui marche c’est le fun, le marrant : j’ai pensé à Moonlight Bibine ou bien à Lemmy Zérable, et encore à Larsen de Ménage ou Panpan-Téra. Et toi, Yoyo ?
- Il nous faut un blaze qui cogne et qui fait penser à un animal sauvage ! J’ai, j’ai… Fauve qui Peut, Chacal Capone, les Lions Sots et Molaire de Rien ! Et puis : Rouge Morsure et Griffe Griffe. Sylvain, tu as des suggestions ?
- Ben, fô pas oublier certains instruments. Y’aurait : Les Basses Tonnent, Barre-ta-basse, ou peut être La Basse-Court, non ? Matt, t’as pas l’air d’accord !
- On reste cool, il faut un truc bref, qui claque ! Que pensez-vous de PT-o-TNT, erreur 404 ou MP33 ou 666 ou DCD DCD ? Avec un logo tout en néons ! Jéjé, tu penses à quoi ?
- Du politique et de la revendication, c’est ce qui pète ! Pourquoi pas Bleu-Blanc-Bouge, ou Rage against la Janine, ou Allons Zenfants ? Et puis j’aime bien  Trotsky de fond, les Barricades, Plutôt-rouge-que-mort, Soviet Suprême, Radio Tsar ou Carbone Cartonne ?
- Sévère Crevaison ? Les Cadavres Exquis ?
- Déjà pris !
- Frolic Stones ? Peach Boys ? Battles ? Babe Dit-l’âne ?
- Daté !
- The Pure ? The Gult ? Sample Kinds ? The Flash ? Nouille Odeur ? Goy de Vision ?  
- T’as pas les cheveux pour et on chante en français !
-  Les SMS ? Pète-ton-forfait ? Plus Gabonné ? Double Appel ?
- C’est ça !! Et pourquoi pas Téléphone pendant qu’on y est ?
- Bon, vous savez quoi ? On va faire la répète, on va aller boire des bières, et on revient la semaine prochaine. Au pire, on prend l’annuaire et on pioche au hasard !
C’est ainsi que le groupe Abdellatif Fernand commença sa carrière.                

lundi 8 octobre 2012

Hopper : le peintre qui captait les instants silencieux

La très attendue exposition consacrée à Hopper, au Grand Palais, va attirer les foules. J’en serai. Dans ces toiles, c’est le silence qui règne. Ce type de silence bref qui fait surgir en nous des pensées profondes ou étranges. Hopper capte l’instant où des hommes et des femmes sont en introspection, en apnée soudaine dans leur quotidien. Regardez Nighthawks, son plus célèbre tableau : chaque personnage se tient coi pendant la seconde où notre regard extérieur se pose sur eux. Idem pour les sujets représentés dans une chambre ou un lieu privé. Ils sont apaisés ou mélancoliques, figés dans un moment intime, peut être puissant, toujours au ralenti. Dans une cafétéria ou au cinéma, le bruit extérieur : on a mis sur pause, on n’entend pas le vacarme : les décibels sont assourdis.
L’éclairage vient souvent de l’extérieur, une lumière crue et forte, cela ressemble à cette capacité à se voir du dehors que l’on acquiert quelques secondes, lorsque qu’un moment propice vous fait prendre du recul.
Il peint ces vides formidables laissés en creux dans la vie moderne, entre 2 actions, 2 rendez-vous, voire une dispute ou une rupture. Un instant magique nous est donné à voir. Quel contraste avec notre vie trépidante, pleine de kling-klang, de tweets et d’instantanés fugaces. Regardez encore : pas de téléphone, ni écran qui brille, pas de fil électrique qui dépasse, les lampes sont éteintes ou simple reflet dans une glace. Est apaisant de voir ce monde avec des voiliers doux, de vrais livres, des rideaux qui volent, des maisons sans antenne et des rues sans voitures.
Il vous est recommandé d’aller voir cette exposition, de vous en procurer des reproductions, de bien les observer et de partir… loin dans votre for intérieur.

Galerie dard

Chère taty Gwen,
Je suis arrivée dans la capitale, je m’adapte. A la crêperie, les clients râlent souvent, mais tu m’avais dit que dans leur fond, ils sont pas de mauvais gars. Je vais promener un peu dans Paris samedi et dimanche. Par Saint Guénolé, je dois te décrire un truc. A Brest même, on voit pas ça.
J’étais dans une venelle pas très large, la rue Saint-Claude et sur zone on trouve des « galeries d’art ».C’est comme une grande boutique, mais tu as peur de rentrer là-dedans. Il y a une devanture en verre et une pièce de 100 mètres carrés (ici 100 mètres carrés, c’est le prix d’un escorteur d’escadre)
Dans un coin, un petit bureau perdu, où une fille maigre comme un balai regarde d’un air écœuré un écran géant de la marque Apple (tu sais, l’ordinateur plat de l’architecte, près de la boulangerie Le Dantec).
Au mur blanc, il y a un petit écran de télé, sur lequel ils passent un film de gens dans la rue, on sait pas où, mais les images sont floues. Et le film repasse sans arrêt ! A côté, une série de cadres tout petits, avec un papier blanc là-dedans et juste un petit point noir dessiné au milieu. On dirait bien que c’est le même tableau plusieurs fois. J’ai écarquillé les yeux, pour voir, c’était ben petit. Il y en avait un où c’était pas un point mais un trait. Ils ont appelé le lot  « Errances 3 » et j’ai lu sur la porte que c’était fait par une artiste chilienne « en devenir ». Devenir quoi ? Au sol aussi, on avait mis un néon écrasé avec des fils et personne avait balayé, et c’était à vendre, au prix d’une voiture neuve à la concession Citroën, chez le fils Le Bris. Une table sur laquelle on avait jeté de la poussière était le chef d’œuvre au milieu de tout ça.
J’ai pris peur et je suis allée refaire un tour au Louvre.
Des bises
Ta Soizic        

vendredi 5 octobre 2012

Route Départementale 56

Depuis que l’autoroute C7 passe entre Jackson Heights et New Hope, la RD 56 n’est plus très fréquentée. A La station Mobil Oil du vieux Robinson s’arrêtent encore des petits camions, dont les chauffeurs las ne sortent pas, alors que Thelma actionne la pompe à gasoil.
Parfois, un automobiliste moins pressé pousse la porte et boit un café ou achète une barre chocolatée (pas trop de choix).
Pour les motos, le matériel est en panne, on ne sait pas si le technicien passera la semaine prochaine ou celle d’après. D’ici là, on leur dit d’aller sur la N 11, c’est 4 kilomètres vers le Nord, il y a une Esso qui fait tout.   
Souvent, Robinson met une chaise dehors et attend quelque chose qui ne viendra pas. Dans le soleil couchant, il fume un peu, réfléchit beaucoup.
Il écrase ses cigarettes à demi-consumées dans une cannette de soda ouverte en deux. Thelma l’appelle pour le dîner tous les soirs, à 7 heures précises.
Elle retourne l’écriteau sur la porte en verre du côté « closed » à 6 heures 30, depuis 25 ans. Il lui faut toujours une demi-heure pour faire cuire les haricots, le maïs et les travers de porc (ou les côtes de veau, selon l’arrivage chez Don, le boucher du bourg)
Elle doit parfois hausser le ton, il est perdu dans ses pensées.
L’autre jour, ce peintre de New York est venu et il a demandé s’il pouvait faire le portrait de Robinson, dans son fauteuil usé.
Thelma trouvait que c’était une bonne idée.
Monsieur Edward n’était pas causant. 
Il est resté 3 jours, il a fait le tableau et il est reparti: il a dit que la toile serait exposée dans un show, l’automne prochain. Elle est belle.
Les Robinson iront peut-être, d’autant que Thelma a une cousine qui habite Brooklyn. La station sera fermée 2 jours, mais pas grand monde ne le remarquera.

jeudi 4 octobre 2012

Fourrière derrière

Le préposé aux enlèvements de véhicules se frottait les mains. Un Peugeot 107 jaune, avec une roue sur l’emplacement livraison, un méchant PV sur le pare-brise et un sms pour le prévenir d’arriver vite. Un pigeon mal garé, une voiture à emporter vite fait. Une nana ? Ouarf. Pas de petits profits pour la dépanneuse qui ne dépanne personne.
Il arriva sur place, saluant la contractuelle qui salissait les pare-brise dans le secteur, distribuant les papiers verts comme les baffes à la maison.
« Salut Janine, merci pour… c’que tu sais », lui lança-t-il au passage, avant de se garer le long de sa prochaine victime à 4 roues. Prêt à la faire se balancer au moyen de son palan et l’emporter vers le sale dépôt.
Il sortit dans la fraîcheur de la soirée, posa les sangles autour de la Peugeot et s’apprêta à appuyer sur les boutons du treuil électropneumatique.
Il sentit un contact froid dans son cou et entendit une voix grave lui murmurer, très calmement :
« Tu restes zen et tu détaches cette voiture gentiment. Un ‘45 ça fait des trous larges comme des assiettes.»
Son sang se glaça et il s’exécuta comme dans un rêve, apercevant celui qui lui avait parlé. Un homme grand et mince, imperméable noir, lunettes et chapeau de la même couleur. Dans sa main gauche, un impressionnant revolver bleu acier.
Puis l’homme lui dit : « Mains dans le dos ! », lui posa des menottes, lui scotcha la bouche avec un adhésif large, le fit monter sur le plateau de la dépanneuse et s’y coucher. Les yeux écarquillés, il vit arriver Janine, menottée et bâillonnée, précédant tête basse un parfait jumeau de celui qui le menaçait.
Elle le rejoint, agenouillée à sa gauche. Ils tremblaient tous les 2.
«Et si on foutait le feu au camion ? » demanda le premier des tueurs à son frère d’armes.  

mercredi 3 octobre 2012

Troll de trame

Connaissez-vous les « trolls » sur Internet ? Non pas les monstres nordiques, mais les internautes dont les commentaires vous sautent au nez, à la faveur d’un forum, ou de commentaires postés au sujet d’un article dans un journal, version « e ». Postez un avis sur des sujets sensibles ou générant un débat « chaud » et vous verrez !
Comme à la pêche aux piranhas : deux gouttes de sang dans l’eau et ils arrivent, toutes dents dehors.
Quelques caractéristiques du « troll » :
Il (elle ?) se cache derrière un pseudo vaseux ou acerbe -voire ses initiales- et une image souvent canine, fréquemment bleu blanc rouge, voire un personnage historique.
Le troll attaque « ad hominem », quel que soit le sujet. Exemple : on parle d’un disque que l’on aime ou pas et paf , vous êtes qualifié de noms d’oiseaux. WTF ?
Le troll est collant : il insiste, il se cramponne, il répond à la réponse de la réponse de la réponse.
L’humour est au troll ce que le jus est au citron : soit acide, soit manquant.
Le troll a des allergies : l’orthographe et la syntaxe lui font mal aux doigts. Pauvre petit être sans références culturelles !
Le troll aime les mots en lettres CAPITALES (il peut ainsi hurler sa rage).
Le troll est à signaler aux modérateurs, qui parfois les regardent passer sans réagir.
Il est intéressant de constater que des individus frustres et frustrés ont trouvé ce moyen pour se défouler, tout en restant en slip (propre ?) chez eux, face à un écran et frappant (au moins, c’est déjà ça !) leur clavier.
Lançons le débat. Liberté totale ou censure nécessaire ?
Amis « psys » de toutes spécialités, qu’en pensez-vous ? Est-ce un pis-aller, une soupape de sécurité pour des individus qui, sans ce défouloir, hurleraient sur DES GENS ou grifferaient autre chose que leur clavier ?

mardi 2 octobre 2012

Grand slam de la panne

Allez, allez, j’ai pas d’idées.
Ch’ui en panne, encrier sur la réserve, il me faut un re-fioul, un passage frontal chez Total, un coup de benzène chez Gégène. Total recall, faudrait me réviser, mes circuits sont flashés, chez Darty périmés. SAV ou ça veut pas, garantie fatiguée, le temps est écoulé. Tu sais ch’ui pas Conrad, juste un peu con, bien en rade. Allez, allez, j’ai pas d’idées, il me faut dérider. Décider, décaler. Là tu me vois décalqué. Comme la moule marinière, rayée et DCD, noyée dans son vin blanc, toute molle contre les frites.
En rade de best, au large du top, dérivant parmi les récifs et les vagues. Inspiration claquée, un pneu dégonflé, les autres sans pression. Cornerstone ou Firestone ? Y’a pas d’Goodyear : C’est pas la bonne année, Allez, allez, j’ai pas d’idées. Limite à mettre en bière, exquis comme un cadavre, rigor mortis pour mes pensées.
Sers-moi donc une verveine, j’ai plus la verve, j’ai pas la haine. Façon Elvis comme à Vegas, bouffi, ballot, j’trouve plus les mots. Allez, allez, j’ai pas d’idées, le courant est coupé, on en perd la révolte. Les ohms, ma flemme, tout est grillé, les fusibles ont sauté. Même au ciel, c’est délavé, les orages sont passés, bonjour sérénité. Pas d’éclair dans la nuit chaude, pas d’orage contre la machine, le tempo s’est calmé, le binaire peut s’arrêter.
Allez, allez, j’ai pas d’idées, mon cortex est torché, le trop plein a fuité. Bashung, tu m’as quitté, Biolay tu t’es barré, mais où est Lavilliers ? Quand je pense à Hugo, à Rimbaud, à Dolto, ça me donne le tournis, dans les jambes des fourmis. Voltaire jamais crevé, Verlaine jamais couché et ma pomme déjà ridée ?
Allez, allez, j’ai pas d’idées, va falloir cravacher, réveiller. Secouer l’clavier, car l’azerty en vaut 2.         

lundi 1 octobre 2012

Minibus VW

Au début, juste Jo et Jack. Pour son 17 ème anniversaire, Jo reçoit une guitare acoustique de son père. Sa mère ajoute des 33 tours de jazz. Un oncle moins austère lui offre des partitions de Chuck Berry.
Dans sa chambre, ils apprennent Johnny B. Goode par cœur.
Jo pince les cordes avec conviction, Jack tape sur une poubelle renversée.
En Terminale, ils rencontrent Sammy qui joue de la basse et Nat’ qui a une voix d’or et de beaux yeux verts. Elle chantera.
Première répétitions dans le garage du grand père de Sammy, enregistrement avec un vieux 4-pistes. Une vingtaine de morceaux, des concerts dans les bars et MJC. Un an après, le bac et le permis.
Encore 6 mois, des boulots d’été, ils achètent un minibus Volkswagen pour une tournée en France. Ils jouent beaucoup, partout, des fans commencent à les suivre.
Coup de chance, ils remplacent un « gros » groupe sur la grande scène d’un festival, un an après, en Juillet ; public réceptif, début de bouche à oreille ; interview dans Rock and Folk.
Maquettes sur cassettes envoyée à 4 maisons de disques, les mêmes que sur les pochettes de leurs groupes préférés. Une réponse positive arrive. Rdv chez le producteur. Les riffs de Joe, les yeux verts de Nat’… on démarre avec un 45 tours qui passe dans la bonne radio, les ventes qui décollent. Un album produit par un vieux magicien des studios.
200000 exemplaires écoulés. Olympia archi-complet. Première partie des Satash à Londres, belle tournée US à succès. Deuxième album enregistré avec le producteur des UB2, plan marketing de pré-lancement colossal.
Les freins du minibus ont lâché un soir, sur l’A13 en rentrant d’un gala, 3 tonneaux, pas de survivant.
Hé ! La dernière phrase était une blague. Il y a longtemps que le minibus achève de rouiller dans un jardin.