lundi 30 juillet 2012

Médailles et fines herbes

Panique au Schnouffistan.
Après déjà une semaine de J.O., toujours pas de médaille ! Angoisse de la délégation qui compte 11 athlètes et ne peut rentrer au pays avec un palmarès vierge.
Le nageur 200 mètres dos s’est cogné la tête contre le bord (quand on nage sur le dos, on ne voit rien).Il a coulé à pic. Les chances en judo se sont envolées quand un énorme japonais  projeta le champion national hors du tatami. En escrime, hélas, un fleuret traversa le masque de notre sélectionnée, dès les 1/4 de finale. Elle n’a pas perdu la vie, juste un œil.
 En équitation, panique au jumping, car Aigle 4, la monture de notre cavalier s’affola après deux obstacles et l’envoya dans la poussière humiliante du fond de classement.
Restait le relais 4 fois 400 mètres féminin. Mauvaise idée que de prendre du porridge au petit déjeuner ; la troisième relayeuse dut s’arrêter après un départ assez correct, se mettant à vomir sur la piste. Un tour de retard sur les autres cela fait piètre impression.
Sur 3 athlètes reposaient encore les espoirs d’un peuple, et ceux du Grand Libérateur du Schnouffistan, le Colonel Rastagüll dit « le Bien Aimé ».
Le spécialiste du plongeon de haute voltige s’avança, dignement, fit un fort beau saut périlleux, mais son pied accrocha le rebord en béton. Il se fit mal tout en exécutant une figure certes originale, mal assez mal notée par un jury hilare.
Restaient les 2 joueurs du double au tennis. Surprise ! Quand ils apprirent le tirage au sort du tournoi (Faidérai- Nodol au premier tour)  ils sautèrent dans un Eurostar de nuit en direction de la Gare du Nord.
Les 9 autres dérobèrent un autobus à impériale la veille de la cérémonie de clôture.
La légende raconte qu’on les aperçoit encore parfois, dans un coin reculé des Highlands.  

Diptère à terre

Grosse mouche verte 1479774 au rapport, chef ! Il semble bien qu’il n’y ait plus personne de vivant dans le coin ! Je veux dire, à part des zzzzzzzzzinsectes .
Petite mouche noire 3658744 au rapport chef ! Oui, même les rats sont tous crevés sous terre ; j’en viens ! hmmmm ça sent super bon. Slurp ! Slurp !
Patrouilleur drosophile 6987y9B au rapport chef ! Les Zhoms sont étendus raides nazes dans les rues et les maizzzons. On confirme !
Capitaine mouche dorée 4966666 à Généralissime : confirmation, chef : ça a pété grave façon nukléere à dix bornes, boule de feu, impact et onde de choc et puis il y a eu des gaz en pagaïe. On a des pertes mais les troupes sont au taquet, chef ! Les cafards font la fête eux aussi, ils courent partout, les antennes en l’air.
Ici Tsé-Tsé 694KK votre Chef Suprême adoré ! Dans la zone, à portée de vol et en relais par nos camarades du secteur suivant, c’est clair : plus un mammifère debout ! Même les crabes font des bulles et ont l’œil vague ! FESTIN à volonté ! Mouches à merde en formation de combat : il y a du taf !
Pondeuse 3697444K en action, chef : asticots à venir, portée magnifique. Une vache entière pour disséminer, le pied, et pas une seule objection, ni un coup de queue ! MDR. 
Une question de Taon 555888TTTTTT : on a à bouffer pour longtemps, alors ?
Lieutenant mouche de la cerise CCVCVCCC fait une observation : les cadavres se dessèchent vite. Plus grand-chose à becqueter depuis une semaine. Sur les os, pas de gras.
Grosse mouche verte 1479774 au rapport, chef ! Nous les zzzzzzzzzinsectes, on est plus trop nombreux, maintenant ? D’ailleurs j’me sens pas très bien.
Petite mouche noire 3658744 au rapport chef ! Chef, Chef, vous êtes bien maigrelet. Vous avez les ailes qui tombent. Ça sent pas bon, tout ça, hein ?



Porteur de flamme

A la surprise générale, Johnny Rotten surgit sur la tribune et bouscula l’inutile prince oisif qui tenait mollement la torche. Il s’empara du machin avec vigueur et récupéra un micro HF aussi sec. Le service d’ordre, paralysé de stupeur lui laissa presque une minute de champ libre. 58 secondes de punkitude ressucitée.
Rotten en profita pour éructer deux ou trois insultes inédites ponctuées de fockin’ et la Reine rougit très fort, puis il sortit de sa veste patchwork un drapeau syrien, un drapeau nord-coréen et une oriflamme bariolée de chez Coca Cola (le sponsooooor, ouais). Baissant son pantalon en un éclair, il fit mine de s’en essuyer le popotin. D’un bond incroyablement vif, il remit ledit pantalon, jeta avec force la torche dans la grande vasque qui s’embrasa et les trois morceaux de tissu roulés en boule qui s’y consumèrent très visiblement. Deux énormes gorilles étaient maintenant sur lui, mais il tenait encore le micro près de sa bouche pleine de dents pourries et continua à hurler des horreurs pendant 20 secondes et en mondovision, jusqu’à ce que dans les coulisses du stade l’ingénieur du son stagiaire, mort de rire et mal payé ne réalise aussi que son chef lui hurlait en stéréo dans le casque de couper ce p**** de f*** de micro.
OOOOOh, fit le stade et déjà sur Youtube la vidéo de ce joyeux bordel était visionnée plus d’un million de fois. 
Tout rentra dans l’ordre quand  les danseurs se mirent à danser comme dans tous les shows TV, les marques sponsors bien mises en évidence. La fausse joie entourant ce genre de grand’ messe reprit le dessus.
C’est alors que la première météorite traversa l’atmosphère et sa trajectoire ne laissait aucun doute sur son lieu d’atterrissage.

mercredi 25 juillet 2012

Un léger décalage

Le PDG des automobiles E-troëne fut réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone émanant du sous-traitant spécialisé dans les contrôles en sortie d’usine. Il ne dormait pas, pensant au communiqué de presse qu’il allait devoir signer le lendemain matin, annonçant le licenciement de 9999 ouvriers en Indonésie et en Chine Cap’.
Monsieur ? Ici Moussa Duranton de la Spartan 2500.
Oui ?
Un problème à l’usine de E-Rennes 2.
Quoi donc, il n’y pourtant plus AUCUN employé sur ces lignes de production depuis 2015 !
Monsieur, ce sont les robots.
Les robots ?
Ils ont changé le cahier des charges.
Pardon ?
Les robots ont changé les normes de production.
Veuillez préciser, Monsieur…Duranton ! Il est 3 heures du matin et dans 6 heures, je suis en Comité Central Extraordinaire et pas pour jouer aux devinettes !
J’irai droit au but, Monsieur. Les robots ont décidé, on ne sait pas comment, de changer la façon de fabriquer la e-C111. Les voitures produites depuis cette nuit sont légèrement différentes de ce qui était fabriqué jusqu’à présent !
Légèrement différentes ?
Plus de sièges. Portes soudées. GPS dirigeant automatiquement la conduite. Plus de volant, ni de pédales. Elles avancent toutes seules.
Quoi ? Mais … et la Programmation Plus ? Le concept ZERO employé dans l’usine ? L’ergonomie totale calculée pour un confort maximal ?
Monsieur,  apparemment il y a eu un bug et l’ordinateur Master de l’usine a même produit un rapport de Qualité ISO 89999.
Et que dit-il ce rapport ?
Un peu bizarre, on n’a pas tout compris. Je vous lis la conclusion ?
Faites. Cela fait déjà 50 millions d’euros que je vous écoute !
Alors, ça dit : «Supprimer interaction conducteur et passagers. Inutilité humanoïde comparable en production comme en utilisation du produit. Perfection atteinte. »   

Playback in black

Bonjour, vous êtes le journaliste choisi pour cette interview exclusive. Vous en faites une tête ! C’est moi, je suis vivante et en pleine forme et je vais vous parler en français. Vous vous débrouillerez pour traduire. Ce que je vais vous dire va faire du bruit.
Moi, Ilana dell’ Ikona, la reine de la chanson, suis vivante, malgré l’annonce de ma mort il y a pile un an. Hey, petit gars, relax, dans la voiture qui brûlait, ce n’était que ma doublure v7.  Charles, veuillez servir un Gin Tonic à ce jeune homme.
Comment ne vous en doutiez vous pas ?
Je veux dire,  pour les doublures ? Les tournées mondiales, les concerts de 3 heures avec chant et chorégraphies de midinette ? Non seulement c’était du playback, depuis longtemps mais des doublures me remplaçaient. Je vis ici, sur cette île discrète depuis 10 ans déjà.
Je regarde les royalties qui s’accumulent sur mes comptes. J’avais ma doublure concert v3 pour l’Europe, la v4 pour l’Asie et la v5 pour les USA.
En studio, c’étaient v2 ou v6, elles chantaient très bien. V7 servait pour les déplacements, les plateaux télés et les remises de prix. La pauvre, c’est elle qui a péri en ce triste jour, quand le dingue s’est jeté sur la voiture, avec sa ceinture d’explosifs… vous connaissez l’histoire. J’avais eu raison d’arrêter, non ?
Vous êtes tout blanc.
Allez, buvez.
Charles vous fait des Gin To’ à réveiller un Jay-chael  Zackson ! Quoi ? Lui ? Il a sa villa sur la côté Est de l’île. Mais non, pas mort du tout et en forme. Il a repris des couleurs, si j’ose dire. Le pauvre, il n’avait qu’une doublure danse et 2 voix.
Surmenage, harcèlement par les fans : il a dû inventer cette histoire de mort subite à cause des médicaments.
Et il va à la pêche tous les jours avec le vieux Melvis Graisley.
Buvez, buvez.

mardi 24 juillet 2012

L'égout et les couleurs

Il faisait trop chaud pour la saison.
Le 14 octobre vers 22h30, ce fut un rat de 41 centimètres de long qui sortit des égouts et fut abattu par un policier qui passait, alerté par les cris d’une passante. On dépêcha le lendemain une équipe de nettoyage spécialisée qui extermina une impressionnante troupe de rongeurs aussi énormes, voire plus. Mais ce qui fit la une des journaux  le 22 furent sans conteste les rangs serrés de cafards géants qui entraient dans les maisons par les canalisations. Un vent de panique courut sur la ville, relayé par des médias aux aguets, toujours prêts à mettre en une de façon répétitive une information malsaine. Et il s’agissait bien d’une invasion peu agréable. Les ventes d’insecticides les plus puissants explosèrent, surtout dans les banlieues Nord-est et Sud. Une action conjointe du Ministère de la Santé, des pompiers et de la gendarmerie permit d’en trouver la source : les égouts de la ville, une fois encore. Les patrouilles d’inspecteurs protégés par des combinaisons intégrales NBC (et armés) fouillèrent les moindres recoins du très vieux réseau de canalisations. Quelle ne fut par leur surprise d’y trouver des champignons sur dimensionnés tapissant les murs, entourés de lichens aux couleurs étranges, et des résilles d’algues aux formes inconnues. Par chance, nul ne se fit piquer par les moustiques colossaux qui arrivaient  par nuées, en un contrejour malsain, éclairés violemment par les rais des torches qui illuminaient ce spectacle hideux.
C’est alors que l’on se souvint que les Jeux Olympiques avaient eu lieu 2 mois plus tôt.
L’évacuation massive de fluides corporels puissamment chargés de matières expérimentales avait permis à la faune et à la flore des égouts de battre des records, à leur tour.      


lundi 23 juillet 2012

Pourquoi je hais le Tour de France en une phrase


Il m'est insupportable de contempler chaque année cette masse de sportifs au QI peu élevé et à l'interview pénible dont la capacité de souffrance est le seul mérite reconnu, vêtus de la façon la plus proche qu'il soit du panneau publicitaire surchargé en des couleurs criardes pour vanter le mérite de marques obscures, dont chacun sait que les performances sont attribuables à un dopage formidablement déloyal et connu de tous depuis toujours (et là je vous prie de vous référer au journaliste Albert Londres, qui publia Les Forçats de la route en 1924 où il décrit le phénomène du dopage en détail), cette tricherie honteuse qui contraste avec les commentaires béats que la presse et les radios-télévisions nous assènent de façon excessive dans un espace médiatique sur dimensionné et irritant pour évoquer ce que certains vénèrent, idolâtrent, et n'est qu'une immense caravane publicitaire, bruyante et grossière, traversant à coups de klaxon répetitif rehaussés de décibels assourdissant les campagnes de notre pays qui se passerait bien de voir paralyser ses routes et ses accès de façon scandaleuse pendant cette interminable épreuve sportive qui de fait n'intéresse qu'une minorité du public mais porte à se presser le long des routes saccagées par leurs cortèges des milliers de vacanciers hébétés, attendant avec voracité un quelconque gadget, poussant leur progéniture à voir filer des garçons à peine plus vieux qu'eux, le nez collé sur les fesses de leur prédécesseur, qui n'auront vu de l'hexagone que des chambres d'hôtels où les attendent des seringues pleines et des cerveaux vidés, dans des villes-étapes pleines de flons-flons ringards, de haines de voisinage et d'usines désertes, éradiquées par les délocalisations. 

 

vendredi 20 juillet 2012

ctrl alt suppr

Focus et colère sur le temps infini que nous perdons à attendre en vain ou réaliser des actions inutiles avec nos petits doigts face à nos écrans informatiques. Pourquoi nous demande-t-on un code et un autre, toutes les 5 minutes pour n’importe quelle application ou site web ? Helloooo,  c’est moi ! Qui, à part ma pomme, va se servir de ce PC pourri, tas de geeks ! Lâchez-nous avec ces barrières omniprésentes…  
Les codes et les clés ? Ils sont oubliés aussi vite qu’ils sont donnés et il n’est même pas possible de choisir ce que l’on veut (genre son prénom et BASTA) !
Bon sang, qui veut piquer les pauvres informations dont je dispose et les accès à ma misérable commande d’objets en tous genres ?
Ordinateurs, fabriqués en série par de pauvres gosses en Asie du sue-test, dont on nous promet des performances toujours plus infinies…. Toujours incapables de s’allumer et s’éteindre simplement ! Je veux un machin avec « on » et puis « off », NON, pas de mot de passe du tout, c’est MON machin : juste « ON « et «OFF ».
Appuyer sur les TROIS touches ctrl alt suppr, QUI a inventé cette idiotie ? Un maniaque contorsionniste dyslexique sado masochiste ? Et les claviers, voilà aussi une belle atteinte à la vie simple. Les majuscules et les chiffres et les points et les virgules : le NOMBRE de fois où l’on corrige ce qu’on écrit ! Chaque jour, chaque mail, chaque texte ! Quelle sombre tarte a finalisé l’agencement de touches ? Qui y a caché  de mystérieuses fonctions qui vous font sauter hors de votre tâche et perdre votre travail en cours si vous touchez par hasard 2 touches conjointement (malédiction bizarre) : ces programmateurs fourbes sont-ils des démons déguisés en nerds à lunettes ayant le final cut sur les prototypes de machines grand public ?     


mercredi 18 juillet 2012

Woman E.T.

C’est au moins 90% de ses bénéfices que la banque Lehmann Sisters distribue chaque année aux O.N.G.
Quant à Baba Al Assad, elle a tenu à partager l’intégralité de son palais présidentiel avec les indigents, ne gardant qu’un petit bureau équipé d’un lit de camp où elle travaille sans relâche. Mode : Les taliba-mazones afghanes portent toutes cette année le mini niqab de chez Christiane Dior, qui ma foi, ne couvre guère que leur fort joli nombril. Natascha Poutine est rentrée ravie de sa visite officielle en France, où elle a reçu la Grande (sic) Croix de la Légion d’Honneur des douces mains de Valérie Hollande pour la féliciter de son action en faveur des cultures bio’ (haute qualité environnementale)  en Tchétchénie.
Marcelle Dassault Jr. Vient d’annoncer le lancement du Brise 2000, long courrier de 520 sièges à propulsion électrique recyclée.  Madame Lucienne Peugeot inaugure avec Mrs. Mala Tata une usine autogérée de moteurs à soja dans la riante banlieue sud de Green Bombay. Simone Poulidor a visité le Musée des sports, s’arrêtant quelques instants devant les activités oubliées du siècle passé : le football monétaire et la course cycliste chimique. Quel moment amusant que de voir ces visages dénués d’intelligence, ces corps endoloris et cette folie de vains résultats !
Quand Paulette Bocuse sort une nouvelle recette, elle envoie un e–mail à Jane Oliver qui la teste immédiatement sur BBC Love ou Girl Radio.
Mais qui est donc cette Sieglinde Freud qui prétend que nous sommes devenues bizarres, voire dérangées ? Et cette Jeanne Lacan ?
Je suis un peu choquée, mais ne parlons pas (à voix haute) de ce très insolent Simon de Beauvoir et de son ami François Dolto ! Alors, là, cela dépasse l’entendement et sont-ils seulement autorisés à s’exprimer ?

Jeux Olym-triques

Le Comité Olympique dut se réunir de nombreuses fois, procéder à des votes houleux, des débats furieux et à des expulsions remarquées de certains de ses membres (flapis). La réalité était là : les J.O. étaient depuis longtemps le théâtre d’une véritable orgie sexuelle entre athlètes, pendant toute la durée des épreuves. Au Village, pas un moment sans désir exacerbé et copulation immédiate, facile.
Une frénésie quasi-animale animait ces sportifs de haut niveau. Imaginez ! Des milliers de corps jeunes, surentraînés, gavés de produits a minima appelés « remontants ». Des cerveaux enflammés par le désir de vaincre, une envie de séduire le monde entier et l’orgueil de représenter une nation. A cela vous ajouterez la chaleur de l’été et la notion d’occasion amoureuse unique doublée de l’absence de conséquence, le tout pimenté d’un éloignement quasi carcéral et nous avions le cocktail explosif permettant des amours torrides, spectaculaires et sans avenir impliquant.
Le Comité Olympique se réunit en conclave, une dernière fois, puis lista, devant une presse effarée les nouvelles épreuves à venir, plus en ligne avec l’épanouissement charnel des participants.
On nota l’arrivée du saut à ma perche, du relais 4 fois 4 filles ou 4 fois 4 garçons, du lancer de string et du sex-tathlon. Des sifflements d’admiration saluèrent le basket main au panier, le pénis de table et la voile à poil. Certains journalistes s’imaginèrent eux mêmes prenant part à la lutte gréco-grecque, au judo-gratte voire à la fellation synchronisée. On comprit les nouvelles notions de médaille dard, d’agent et de bonze.
La question de la diffusion payante et des contrôles d’accès sur abonnement fut bien sûr abordée en fin de programme.
Ceci dit, on allait enfin réveiller Coubertin.  

mardi 17 juillet 2012

Erreur 404

Le message d’erreur apparut, encore une fois, à l’écran.
Il se prit la tête entre les mains.
Lentement, les deux coudes posés sur le bureau. Cela dura une demi-minute, en pose façon Quattrocento, toile de martyre ou de saint, mais sans la lumière dorée qui vient d’en haut.
Puis il se frotta le front 3 fois.
Un grognement sourd, au début assez faible, sortit de sa gorge. On aurait dit le bruit du tonnerre, quand on aperçoit un énorme nuage noir au loin.
Son cri monta en une seconde pour atteindre un niveau sonore impressionnant, digne d’un film d’horreur de série Z.
Il se leva d’un bond, agrippa l’écran plat qu’il souleva du plan de travail avec une rapidité et une force animales. Les câbles ne résistèrent pas à la traction, suivirent le mouvement, créant une comète improbable ornée de quelques étincelles. Il envoya le tout avec un œil fou dans la porte en verre, cette dernière explosant sous l’impact.
Sa rage n’était pas consommée et il balaya violemment de la main droite tout ce qui traînait sur son plan de travail : le pot à crayons, la lampe, quelques dossiers empilés et même un gobelet de café. Les gouttes projetées tracèrent une constellation brun clair sur le mur blanc. Elles se mélangèrent à celles, sanglantes, qu’il ajouta en agitant les bras, s’étant coupé à cause des éclats de verre des cadres et tableaux qu’il brisait en deux par le milieu, criant « putain, putain, putain ». Il les lança un par un vers la porte brisée et l’écran démantibulé, rejoignant des papiers épars et des stylos en vrac. Schkling.  
Il ne s’arrêta qu’après avoir sauté 11 fois sur son I-pad et défoncé son Blackberry à grands coups de dossier du fauteuil, qu’il avait désossé, fracassé, la main droite dégoulinant de sang et la chemise maculée.
En sueur, il se remit à sourire.  


Get off my cloud

Dans les années ’10 les données ont été « dématérialisées ». Plus besoin de disques durs et de boîtes qui encombrent maisons et bureaux. Chacun frétille avec ses petits doigts sur son écran tactile. Adieu fichiers locaux, vive le CLOUD, espace virtuel quelque part dans le ciel où l’on stocke d’énôôrmes quantités d’octets.
La vérité est bien sûr que des endroits spécifiques, sécurisés, réfrigérés, ordonnés et entourés de quatre murs sont les caves solides où s’entassent des disques durs, comme la pierre qui les protège.
Dans les années ’20, l’emballement des réseaux sociaux 4.0 où chacun poste et partage des vidéos HD 3D ++ conduit à multiplier par 15 les entités de stockage de données. Des zones industrielles uniquement destinées à cet effet sont construites. Au Mexique ou en plein milieu des campagnes chinoises, des milliers d’hectares sécurisés y sont dédiés.
Les années ’30 voient l’expansion se poursuivre. Un tiers du Sahara y est consacré, le Larzac est devenu une suite infinie de bâtiments marron qui bourdonnent discrètement.
En ’35, Al Kaqada lance une série d’attaques spectaculaires via des drones télécommandés sur les zones de stockage Cloud 9 de chez Applesoft. Impossible d’accéder à un compte bancaire pour les citoyens américains pendant 1 mois. Les photos des brésiliens et péruviens (depuis 1928) partent en fumée. Facebook en erreur 404 six mois consécutifs. La Nasa reporte ses programmes de satellite météo.
Au début des années ’40 l’ensemble des fonds marins entre New York et Brest est tapissé d’unités de stockage étanches. Des sous-marins patrouillent 24h/24 sur cette vaste surface pour permettre au tweet de ma cousine Betty à sa copine Lilly, pas très jolie avec son appareil dentaire d’être bien enregistré pour les siècles à venir.   

lundi 16 juillet 2012

Holy Motors : ma foi, quel chef d'oeuvre !

Comme pour le formidablement émouvant long-métrage, qui passait en souffle sur les écrans vaporeux de nos chères salles obscures, j’ai nommé « Il était une fois en Anatolie », mon opinion et mon jugement se fondent sans résistance dans la vague tumultueuse d’éloges des pertinents critiques professionnels.
Je vous tire mon chapeau et ses plumes, Ô vous fins admirateurs du vrai et bon 7ème art, ô journalistes brillants des Inrocks, de Télérama et de toute presse bien plus illuminée de savoir intemporel que nous, spectateurs plébéiens au jugement bien limité et sans accès à l’intégralité des œuvres immortelles de Dreyer, Umut von Dag Junior, Hitoshu Mazumototo et Sadarnappilh Wushabotopinarot le pionnier.
Holy Motors est tissé de fulgurances et de prémonitions tectoniques. Chaque plan saisit aux tripes et s’agrippe au cortex conquis du zélateur soumis qui rend son tablier après cette enfilade de séquences dont la brillance aveuglerait au moins deux fois un Borgès. Ah, cette ironie sous-jacente, critique sociale aguerrie mais mutante qui place notre société aux pieds sales de ses vaines contradictions !
Et ces limousines ironiques qui parlent entre elles, hein ? Et ces plans magiques retiennent le souffle d’Orphée en convoquant les Muses, qui s’en retournent transies nager dans l’Achéron ? Ici, Cocteau se mêle en une flamme rougeoyante aux prémonitions sidérantes des frères Lumière.
Denis Lavant ré-invente une façon tellurique de jouer, il donne sa main pâle à celle d’un bouleversant bonobo. Il écoute foudroyé et ondulant les vibrations célestes de la voix de Kylie Minogue, déroulant en une Samaritaine babylonienne son ode à un passé désespéré dont chacun suit les traces bleuies par le cortège amer de nos souvenirs perdus.   

dimanche 15 juillet 2012

Holy Motors : attention chef d'oeuvre


Ce titre est un faux-ami. Une chausse-trappe, un piège, une embuscade sanglante des Spartiates contre les Perses.
Mon opinion sur le film de Leos Carax est toute autre, car je n'ai pas , mais pas du tout aimé ce film. Mon humble avis (et je vous le donne gratuitement) est le suivant : ce trop long-métrage est décousu, prétentieux, fatigant, glauque, malsain et déplaisant. Du n'importe quoi à l'état pur, du je m'en foutisme en roue libre. Denis Lavant est un formidable acteur certes, mais quid de cette succession de scènes poético-artisto-mélancolo-alcoolo ? Je crie à l'escroquerie intellectuelle, vous savez le syndrome « Festival d'Avignon In » ! Ces pièces incompréhensibles en néerlandais de préférence où des acteurs qui vous méprisent se roulent en hurlant sur des matelas souillés, entourés par des poules lâchées sur scène, tandis qu'une caméra attachée sur le dos d'une tortue filme des images aléatoires diffusées sur écran géant, alors qu'un joueur de cornemuse s'époumone pendant dix minutes interminables en émettant une note unique et stridente. Ne faites pas la moue, tout ce que je viens de décrire est rigoureusement authentique.
Revenons à Holy Motors.
Les critiques parisiens de mes hebdomadaires préférés ont a.d.o.r.é., mis 5 étoiles, le bonhomme qui rit, des « plus plus » dorés en masse.
D'habitude, on est d'accord, là je suis très fâché avec leur jugement idolâtre. Cela m’arrive fois par an environ. Je suis un vert pâle en sortant de la séance, et en plus j'avais convaincu ma chère épouse de venir avec moi, au détriment d'une bonne vieille comédie que nous aurions adoré tous les deux.
Tout comme pour « Il était une fois en Anatolie ». Ah, vous n'avez pas vu ce film ?
Un véritable chef d’œuvre, je vous assure !


lundi 9 juillet 2012

Fallait-il diffuser cela ?



L’ Assemblée des Vieux Khans de l'Audiovisuel (AVKA) a reçu un texto de protestation modérée de la part du Comité des Familles de Victimes des Tueurs en Série (CFVTS). Le directoire de cette organisation émet une remarque sans effet impactant (RSEI) pour signaler son opinion subjective défavorable, suite à la diffusion intégrale aux Journaux de 13H00, 20H00 et 22H30 du découpage de victimes mineures et leur assaisonnement sauce gribiche, in extenso. La chaîne TFT1.0 avait assuré juridiquement l’exclusivité des droits de passage de ces bons morceaux (si j'ose dire), achetés à prix raisonnable auprès d'indicateurs fiables des services de la Police Privatisée Nationale (PPN). Les tarifs publicitaires ont été majorés de 30% à cette occasion d'Audimat priapique. 
Ces actes rituels et terroristes ont été diffusés en HD3, compatible avec vos lunettes 3D.
Un rendu olfactif 2.0 a été supervisé par un expert près la Morgue de Paname (MDP). Le Blu Ray est en vente au Téléchachat, avec les bonus making-of et la biographie des tueurs, ainsi que leur casier judiciaire intégral et le lexique trilingue des insultes employées pendant les tueries.
TFT1.0 organise un grand jeu : « Joue et gagne un voyage pour aller mater la tombe des victimes et un repas avec leurs parents qui pleurent » en partenariat avec le sponsor Couteaux La Virole. Envoyez « je kiffe de voir ça en live » au 6789, 1 euro plus 7 MMS avec rappel au 3456, 34 centimes d'euro la connexion plus un abonnement obligatoire de 5 euros par mois.
Merdy's a salué cette initiative en donnant le label HAAA ! + à TFT1.0 dont les actions ont gagné 12%, surtout après l'annonce d'un tout nouveau show de Télé-Vraie-Alité (TVA) : »Grogro Lanta 8 » avec torture à l'électricité 220 Volts dès l'épisode 1.



dimanche 8 juillet 2012

Rue de Seine



         Tu verras, tu arrives devant le 14, c'est une grande porte bleue. Tu fais le code 442B, tu entres. Tu passes cette jolie cour très calme, laissant un atelier de peintre à droite et tu arrives devant un couloir. Au bout du couloir, un ascenseur, c'est au 6 ème étage (facile à retenir, 6 comme 6 ème arrondissement).
L'appartement fait juste 155 mètres carrés sur deux niveaux et la terrasse à peine 30. Oh, c'est tout simple chez nous : une grande cuisine à l'américaine et sur mesure signée d'un designer italien peu connu mais assez classe, une chambre pour nous et deux autres pour les amis, un petit salon multimédia-salle de cinéma, un bureau-bibliothèque pour moi, sans oublier une salle de bains assez réussie puisqu'elle figure régulièrement dans le supplément « maison » de quelques magazines urbains. Marrant, non ?
Ce qui est sympa, c'est bien notre terrasse aménagée et on mangera là ce soir, entre nos oliviers et citronniers, à la lueur de quelques photophores, tandis que la musique sera diffusée en quadriphonie autour de nous grâce à ce très ingénieux système d'enceintes wifi intégré dans tout l'appartement.
Tu sais depuis la parution de mon dernier essai chez Galliflamm, les droits d'auteur s'accumulent sur mon compte. Même pas pas envie de m'expatrier en Suisse, et avec ce qu'il me reste je peux encore donner quelques belles sommes à la Croix Rouge...bien sûr, un voyage par mois pour prendre l'air en classe business.
La deuxième villa en Toscane que nous avons acquise, elle est pour nos fils et leurs amis. C'est plus simple, elle est juste à côté de la première, et on a pris une douzaine de Vespa pour que tous puissent se balader à loisir.

Hein, quoi ? Oui oui, je vais la bouger ma camionnette ! On peut plus s'endormir quand on livre maintenant ?


Nettoyage à sec


Le Président de la multinationale compliquée, Peter Langreodo avait le blues. 20H56 disait l'horloge de son vaste bureau. Il était seul, la dernière téléconférence du vendredi avec ses zélés Directeurs était terminée. Le personnel avait quitté le Siège.
Épuisé, il but un fond de verre de Coca Light tiède, portant encore une vague trace de rouge à lèvres.
Son souci était autre : vieux renard du monde infernal des firmes, il sentait que la sienne était frappée d'un malaise étrange, d'une paralysie surprenante. Plus d'idée pertinente, plus de fulgurance ni d'avancée ne montaient jusqu'à ses oreilles flattées. Plus d'initiative, de découverte, de nouveauté.
Uniquement des rapports accablés et des complications procédurales, sans oublier une courbe des dépenses frénétiquement priapique.
Il décida d'aller fureter dans l'énorme bâtiment. Un veilleur de nuit l'aperçut sur son écran de contrôle verdâtre, pensa « oh, gaffe, c'est l'grand yaka » et Langreodo poursuivit sa ronde inquisitrice.
Rusé, il inspecta les imprimantes partagées et fut surpris d'y trouver tant de documents abandonnés, attendant une main charitable qui les jetterait dans une poubelle gloutonne.
Fort de ce bel échantillon de la production de ses troupes, il retourna les bras chargés dans son bureau.
Il se mit à tout décortiquer avec son sens aigu de l'analyse.
À 01H56, il commença à comprendre.
À 02H23, il avait le rouge au front.
À 03H24, il rédigea une note brève à son directoire, sortit et rentra chez lui à pied.
Le lundi suivant plus aucun des 245 consult-sangsues ne fut admis dans le bâtiment, leurs contrats furent récusés, leurs bureaux déblayés.
Une première mondiale qui fit jurisprudence.
Langreodo ne resta plus boire en solitaire du Coca tiède le vendredi soir à des heures tardives.


jeudi 5 juillet 2012

Bref, j'ai pas (encore) arrêté mon blog

Taux de notoriété : 99% chez les moins de 99 ans, la minisérie « bref », est l’un des rares morceaux sauvables du Gland Journal de Canal Banal. Par ailleurs regardé en différé sur Internet, jamais en direct (voir le raide Denisot et sa troupe de faux branchouilles faire de la promotion-réclame, c’est au dessus de mes forces). Tranches de vie, observations pertinentes, ironie et allusions. Oui, c’est moderne, Bref, est futé, rapide et la vie est bien saisie au vol, avec humour, un peu de mélancolie et un punch scotchant.
Ce qui est intéressant, c’est justement que Bref s’arrête (en tout cas… l’annonce !). Tout comme les Clash qui ont stoppé net avant de jouer à Las Vegas et d’être gros comme Elvis en 1977 ? Pas comme « lai crétin sont dan votre pauste téllé », morceaux moisis de téléréalité affligeante épisode 23 ? Oui, Monsieur.
Savoir arrêter de produire les mêmes bêtises est un signe d’intelligence, surtout si l’on n’est pas Marcel Proust. Alors me direz-vous, tes chroniques à deux balles et ton blog à encore moins cher… tu nous sors le clap de fin avant d’avoir de l’arthrose à tous les doigts ou bien quand un français gagnera Roland Garros, hin, hin, hin ?
Je répondrai :
Petitin : je ne tape qu’avec mes 2 index, donc pour l’arthrose, il y a de la marge et des doigts en réserve.
Petideu : bientôt la reconnaissance vocale sera au top, donc je pourrai causer direct à Word et même faire un blog qui s’appellera 178900 signes.
Petitroi : Tsonga pourrait gagner un jour, non ? (hin, hin, hin)
Petikatre : punaise, c’est vrai, je serais inspiré de me concentrer sur d’autres formes d’écriture.
Et puis, c’est mortel, j’ai regardé des photos d’Elvis en 1977 et de mon idole Joe Strummer en 1999 : les deux avaient vraiment mauvaise mine.