mardi 20 novembre 2012

21/11/12

Sur cette date parfaite, en forme de palindrome, s’arrête l’aventure 1789 signes. Un an pile de durée de vie, même chez Duracell, ils ne savent pas faire.
Pour un poisson rouge dans un bocal, 12 mois de survie espérée c’est beaucoup plus qu’un poilu au Chemin des Dames, mais bien moins qu’un Crétois sportif non fumeur qui ne mange que des olives et du fromage en regardant les nuages rares passer dans un ciel éternellement bleu.
178 notes, quelques bons mots, des idées plus faiblardes, une poignée d’étincelles.  
A propos de palindrome, tel ce « Karine alla en Irak » (la pauvre), je vous rappelle de Georges Perec, respect  ô Maître, en écrivit un d’une longueur de 1247 mots. Accrochez-vous !
Alors, il faut savoir s’arrêter à temps, ne pas faire le match de trop, le disque qui craint avec des musiciens de studio et des reprises de Tino Rossi, ou le blog autofictionnel qui s’étire comme un chewing-gum sous une semelle parisienne. Long et mou.
La formule 1789 signes fut motivante, l’auteur doit admettre qu’elle est mortelle et périssable. Elle aura eu le mérite d’être pédagogique : coupez, coupez, coupez dans vos textes !  
Cependant rien n’est terminé ! Hé, ho, il ne manquerait plus que j’arrête d’écrivailler ; Vous me voyez, bouche ouverte face à TF1, mon cerveau disponible marinant dans le Coca Cola ? Ne plus rien dire, la fermer tristement comme une statue de lion sur l’île de Délos, rongée par le sel et les vents ?
Niet.

Je vais réfléchir dard-dard, piqué au vif, à une autre formule.
Servir une autre sauce, peut être plus piquante ?
Décliner un thème plus spécialisé ?
Avoir deux fers au feu, permettant de varier les plaisirs ?

Et terminer sur une citation.
« Il est préferable d'être ailleurs lorsqu'autre part n'est plus ici.  »
1789 signes. Pile.



lundi 19 novembre 2012

Good As You ?

Faut-il marier homos, et changés et lesbos ?
Union facile pour ceux qui ne sont pas dédé-veaux ?
Un gamin élevé par deux gentilles lesbiennes,
Genre intello-lunettes, en banlieue parisienne ?
A la petite section, celui là qui explique
Mon Papa plus Papa, ça en fait deux, des triques.
Noirs de rage, les cathos cliquent sur non, les fachos donnent des gnons,
On voit bien les prières, les manifestations
Un papa une maman, le cocktail breveté pour avoir des parents ?
Serons-nous dogmatiques, la morale dans les dents,
Que fera-t-on demain, qui a vraiment trop tort ou peut-être raison ?
Tout le monde s’en tape, de ma piètre opinion !
Vert de gris, le curé cure à l’acide, le rabbin fouette de sa couette
La droite en érection, elle, sort de sa cachette.
On n’est jamais trop aidé, faut se farcir les gays,
Ceci dit maintenant, seront-ils Thénardier ?
Ils veulent tous le bon beurre et farcir la crémière
Oh, maille GOD, tu n’es qu’un homme, poussière
Leur répondent en chœur, les calots, les évêques
Spécialistes des gosses, à genoux, bite au bec…
Pour prêcher la morale il faudrait être saint,
Ont-ils tous donc de belles et blanches mains ?
Deux mille ans qu’on astique, qu’on chapeaute,
Faudrait pas qu’on nous touche, on a tourné calote
La morale et les mœurs, c’est à nous l’monopole
Bande de vieux pédés, de diables et de cagoles.

Moralité : Mariage pour tous, mariage qui tousse. Un père et une mère, sinon ça rend les pères verts !   

samedi 17 novembre 2012

Crème de la crème

Issu des caches secrètes de nos laboratoires bio-fractaux, le sérum repulpifiant X999 vous redonne à jamais le sourire lisse et enjôleur de vos 14 ans et demi. Vous avez plus de rides marquantes du maxillaire inférieur à la lisière du tapis capillaire ? C'est normal, le temps impitoyable y a creusé ses sillons cruels, marques profondes de la cruauté quotidienne et de la fuite infinie des heures perdues. Notre complément de traitement, sous forme de cold crème glaciale zanergisante au citron fumé des Vosges (si rare, si vivifiant), sera appliqué par couches successives et en roulant les pouces sur les zones à retensifififier un peu avant ou un peu après, c'est selon, comme le montre notre étude approfondie sur un échantillon fortement représentatif de 11 femmes selon la méthode des quotas de Planck.
Jeanne Fondue, Minette de la Fesse d'Ange et un hologramme de Mère Beretta sont nos ambassadrices, présentes à la fois dans les publicités glamour de la presse pour dames, les défilés privés de la haute bouture et nos magasins flagships situés à Tokyo, Milan et au centre commercial Balizy 3.
Pour chaque tube de sérum acheté, nous nous engageons à envoyer un bidon (50 ml) de vernis marine (couleur bois de peuplier) à l'association « une mine-une jambe de bois », permettant un peu de coquetterie à des enfants bien défavorisés et vivant dans des pays avec des méchants, des barbus et des femmes vieilles si laides, portant des fichus à fleurs verts et roses, qui ont une putain de sale tronche même pas retensifififiée, ni repulpée et qui, si elles avaient du citron fumé des Vosges sous la main, seraient capables de le mélanger à leur liquide vaisselle irritant pour qu'il sente moins la mort, la misère et l'éloignement éternel de nos produits bienfaisants.


Maya, la veille

Fin du monde ou pas le 21 décembre, la folie régente déjà nos existences.
Rappel : Les mayas, ces spécialistes à nez busqué de l'opération létale à cœur ouvert sans le consentement du patient et sans objectif thérapeutique autre que de muscler les mollets de leurs prêtres à plumes par l'escalade de 2345 marches afin de découper la palpitant d'un concitoyen aléatoire, les mayas donc auraient gravé sur des tablettes que crac boum hue, le 21 12 12 la Terre c'est cuit, c'est fini, adios amigos.
Un scientifique à blouse nous confirme « On voit bien, là, ils ont dessiné deux oiseaux verts au lieu de trois bleus et fin du monde ça prend un serpent à la fin (mince, c'était pas un jaguar, ou il y avait des tolérances dans l'orthographe?) »
Pour des types qui n'avaient pas prévu qu'ils allaient se faire embrocher par des madrilènes pas rasés ou des lisboètes coiffés de salades, un poil présomptueux, non ? Inventer la pétoire, le canon de 30, le bateau à voile, le compas ou la selle pour se balader à dos de canasson, hé, ho les emplumés et les Raspar Kapac, c'était pas dans vos capacités ? Alors, on vous imagine bien regarder les étoiles, fumer l'herbe-qui-pousse-dans-la forêt et décréter : « Ouais, tu voiiis, c'est galèère, l'apoca, l'acopa, l'appoal, l'apocalypse c'est genre dans plein de mille ans, alors ouais mon pote, demain midi quand tu te lèèves, tu me graves tout ça sur un vaase avec des schémas sympaaas. Fais tourner, mon pote, c'est de la colombienne, j'ai un dealer aztèque caché. »

Pendant ce temps, à Gaza, (une bande de terre tristounette encadrée de barbelés, et dirigée par d'autres grands prêtres qui aiment aussi les sacrifices humains), les obus pleuvent et on fait des répètes pour la pièce en un acte « la fin du monde, c'est maintenant ».


vendredi 16 novembre 2012

Grr

Dis donc, botoxella, tu as vu ta tronche tirée comme une nappe trop courte ? Avec toi, on n’a pas envie de remettre le couvert. Ne cache pas ta vulgarité derrière ton Vuittou, lui aussi est bien imité.
Ton 4X4 qui pèse aussi lourd qu’un tank et consomme une citerne à l’heure en envoyant dans le ciel plus de carbone que 20 ans de consommation des mobylettes dans un village indien, je reprends mon souffle pollué par ta bouse métallique pour te préciser que tu fais autant penser à une aventurière qu’un gagnant du Tour De France s’apparente à un militant de la cause antialcoolique.
Si c’est pour envoyer des sms avec des fautes d’orthographe grosses comme ton ego boursouflé, à quoi ça sert un phone  dernier cri de la marque aux pépins ? Ton PC portable doit avoir 3 fois ta capacité mémoire, rien que dans le nombre de touches sur le clavier, et quand j’entends l’expression « intelligence artificielle », je pense direct à ton cerveau rose fluo (et pas pour le premier des deux mots cités).
Tu as hérité d’un compte en banque gros comme un iceberg qui vient de lâcher la banquise arctique, mais côté neurones, ton capital génétique c’est plutôt les Galeries La Faillite que Drôle-man et Saxe, ces types qui tueraient la moitié de la Terre pour 1 cent de bénef par action supplémentaire, dans la boucherie située rue du Mur à Nouille York.
Je suis du genre féministe résistant, prêt à défourailler mon Voltaire quand j’aperçois l’ombre d’un voile, mais toi, poulette, tu me fais désespérer du jour où Dieu le Perd a séparé une côte d’Adam pour fabriquer  ton modèle initial.
Tu me diras, yes, but y’ a aussi des mecs idiots, non ?
Je serai obligé de te répondre oui, Barbinette, avant que tu ne retournes à ton vide intersidéral, plein de paillettes et de chirurgiens esthétiques.   

mercredi 14 novembre 2012

Vieille femme à trogne de vieille femme vieille

Explorateur internaute qui atterris ici via ton moteur de recherche, type GOOGLE, FIREFOX, YAHOO et autres ASK, je te dis « Halte là, Robin des Bois ! ». Tel le mobilisé de 1914 face à l’affiche criarde qui l’appelait au front, vêtu d’un pantalon garance et de 15 jours maximum d’absence espérée, lis donc ce texte en entier, car tu risquerais de rentrer au pays avec un bras en moins.
Tu n’en es pas à ton premier Nokia, non ? Tu as peut être envie d’acquérir une Mini, ce beau véhicule où l’on verrait bien un Alain Robert riant au volant ? Avant que notre homme ne parte escalader à mains nues quelque immeuble imposant et lisse, sous le regard admiratif d’une foule qui aura le soir même un torticolis persistant.
Ou alors, avec ta barbe blanche, un peu mélancolique de la bonne vieille Révolution de 1789, tu te dis qu’Harpagon aurait de fait guidé le train fou des réformes sociales et fiscales ?
En tout cas, regarde cette photo, oui, c’est bien celle que tu recherchais, cette femme vieille femme vieille ! Fais donc un clic droit et enregistre-la sur ton disque dur ou ton Cloud Number 9. Maintenant, internaute, entre ici, tel Jean Moulin au Panthéon (aussi glorieux mais moins raide) et lis donc quelques textes au hasard des titres et d’images non subliminales choisies avec soin pour attirer l’œil d’un lecteur goguenard, dont j’attends des critiques lumineuses et des saillies proverbiales, et des commentaires délirants comme des appréciations aussi piquantes que les piments extra-forts et cette petite liqueur de serpent vintage Mao Zédong premier cru qui ont rongé avec férocité et constance la dentition de Mama Harpagon Mini Mini aka Vieille barbe blanche, dont tu peux contempler le magnifique portrait en bas de cette page



Lectorat, audimat et auto-analyse

Alors que ce blog file vers son premier anniversaire et n’est pas certain d’en réchapper, je voulais faire un petit coucou aux lecteurs de ces humbles textes.
Préambule : Merci, car le but d’un écrivaillon, fut-il amateur est bien d’être lu, hey !  
Primo : d’après les statistiques fournies par l’hébergeur, nous ne sommes à 41000 pages vues. Relativisons ! Une seule page totalise 5248 vues, « histoire d’en rire » et je sais pourquoi ! La photo choisie –une vieille femme à trogne incroyable- pour illustrer le texte est très recherchée via Google images (et non ma prose, té !). Si l’on enlève le fait que j’ai techniquement accédé pour vérifications au moins 5 fois par pages, myself, cela enlève environ 1000 pages vues. Restent 35000 pages vues, mais par qui ?
Deux zozios : Je connais certains lecteurs amicaux, sympathiques et bienveillants, tels Patrice et Isabelle C., Olivier B., Nico Q., Anne-Marie T. ou Yên P. En revanche les enfants V. et ma douce moitié sont d’épisodiques attentifs (ils ont raison, je les abreuve déjà de commentaires et anecdotes en live, alors en plus par Internet, pfff, too much is too much)
Ter sot : Les mots clés entrés sur Google, qui aboutissent à des pages consultées vont de « vieille femme » à « Harpagon » sans oublier « 1789 » et « Alain Robert » ou « barbe blanche » et « mini » plus « premier nokia ».
Conclusion : Je vais donc écrire un texte incluant ces mots et remettant en illustration la fameuse vieille dame qui attire tant de monde !
Audimat en hausse, trafic de carrefour japonais aux heures de pointe ?
Isabelle, Patrice, Olivier, Nico, Anne-Marie et Yên, à vos commentaires et les 34 994 autres aussi !

dimanche 11 novembre 2012

Vent des lobes

Cheminées Kikramm est en tête, suivi d'Assurances Onrambourz Keudall, alors que Team Féchiai-Ville de La Motte Beuvron a dû rentrer au port, ayant heurté un cachalot. Le cachalot n'est pas rentré chez lui, il a fait la gueule et il est parti s'exiler en mer Adriatique. Dans le peloton des poursuivants, Logiciels Deupoinzéro se rapproche, ayant hissé un double spinnaker rose aux armes de son sponsor additionnel les saucisses Kigliss. Le skipper, Loïc Erwan le Metec a déclaré sur France Vent-fort « a.. o...u...force 8 …ii.... kch...kch....la…toile.... on….on....quand même, hein ! » avec sa radio de bord, tandis qu'il se filmait en direct sur une webcam, vu par la classe de sixième 4 du collège Jean Moule-un de Saint-Guénolac qui le suit avec passion, déplaçant chaque jour la petite punaise rouge le représentant sur la carte du monde affichée par la professeur d'Histoire-Géographie dans la salle 117, sur le mur du fond. « Que c'est beau ces navigateurs intrépides, et en plus on apprend les concepts de latitude et longitude aux gamins ! » a déclaré le proviseur Fanch le Gall au reporter de Mouette Rance (édition du pays d'Armorak Sud).
N'oublions pas en queue de peloton, la terrible bagarre au coude à coude entre Boulons de 8 Acier Chromé et Votre Nom sur un site dot com, suivis à courte distance par Pâtés pour Caniches aux vitamines et Chokokos Mon Cherry.
On se souvient avec émotion de l'arrêt brusque de la course, l'an passé, de la navigatrice Helen Koukouléga. Elle avait craqué dans le Pacifique, mis le cap sur une île de l'archipel Tapedure et épousé le chef de la tribu des Ovazyvazy, un certain Manu Raie-Va.
On nous rapporte qu'elle vient d'accoucher de jumeaux, qu'elle a nommé Alain et Colas.
Bon sang, que cette course est passionnante.


Moab

23H32, Barcelone, Novembre.
Dans ma chambre d'hôtel, après le dîner, je m'écroule sur mon lit et zappe sur une chaîne de documentaires en anglais.
Je reste scotché sur un programme féroce et hallucinogène qui décrit avec force détails, images-choc et ralentis... les armes les plus dévastatrices en service dans le monde. Au passage, je n'ai pas trop de mal à comprendre que le docu est made in USA. J'adore nos amis américains, leurs marchands d'armes un peu moins.
Ce qui m'a explosé (quel à propos, hé hé hé) fut la description d'une énorme bombe appelée MOAB et surnommée (quel humour ho ho ho) :« mother of all bombs » par nos Docteurs Folamour d'Outre Atlantique ; ce joujou largué par un avion gros porteur, tombe avec la précision du moustique vous piquant le petit doigt et surtout souffle tout au sol sur un rayon de plusieurs kilomètres avec les compliments des 10 tonnes d'un TNT « spécial ». Une petite bombe atomique mais sans les radiations et au prix d'un morceau pas ridicule du PNB de n'importe quel pays au sud de Tataouine.
Je me renseigne sur Internet et lis que les Russkoffs ont répliqué en créant un truc 4 fois plus puissant qu'ils ont appelé « le père de toutes les bombes ».
Bref, vous constaterez que côté bagarre et baston, la recherche suit son cours.«  Si vis pacem para bellum » comme disaient les romains, grands experts en la matière, mais il y a bien longtemps.
Après, je me retrouve sur National Geographic qui me montre des avions qui se plantent, le genre de reportage qu'on adore voir quand on vient juste d'imprimer sa carte d'embarquement pour vol de retour.
Décidément, on n'est jamais tranquille !
Si le père plus la mère de toutes les bombes font des petits, qu'on m'en garde un pour le balancer sur ceux qui programment ces conneries à la télé ! 


 

mardi 6 novembre 2012

La Horlu (partie 3)

Dans ma chambre, en cette fin d’été, je faisais semblant de chatouiller ma tablette tactile quand je l’ai sentie, penchée au dessus de moi, effleurant de son index le menu principal d’un jeu en ligne ; elle était là, je pouvais presque sentir les vibrations d’hilarité qu’elle générait. D’un bond vif je me levai et me retournai et fus devant le grand miroir de mon armoire. Vision incroyable. Mon propre reflet avait disparu, laissant place à une série de couleurs, mélange d’arc-en ciel et d’irisations. Oui, Docteur, cela dura 3 secondes et mon reflet revint peu à peu, comme on voit la surface inversée de l’eau réapparaître en remontant d’une plongée sous-marine. Autant dire que je finis en larmes, tant le fou rire qui m’agita fut long et intense.
La Horlu était bien là, prête à la légèreté et la farandole. Le règne de l’homme morose est terminé, je vous l’assure. J’ai appris aussi qu’au Brésil, des crises de bonne humeur généralisée sont signalées dans tous les ports du pays ? Je comprends mieux pourquoi ce cargo noir m’avait semblé  si amusant ; La Horlu avait dû en débarquer pour venir apporter joie et distraction vers mon humble personne. L’homme est dépassé par des créatures nouvelles, invisible mais ne manquant pas d’esprit, si je puis dire…Et comment, Docteur, vous dites que j’ai mis le feu à ma villa il y a un mois ? Et je suis interné depuis lors, et ne cesse de distraire toute votre équipe, ainsi que les plus déprimés de vos patients ?
 Mais c’est terriblement drôle, ce que vous dites.     
 

La Horlu (partie 2)

Un être mystérieux visitait donc mon sommeil et j’en fus bientôt à me demander s’il (elle ?) ne rôdait pas autour de moi, aussi le jour. Alors que je me promenais dans le jardin, je vis une marguerite être tranchée net de sa tige, virevolter à un mètre du sol  pendant une poignée de secondes et se porter dans les airs avec vivacité jusque dans la truffe du chien des voisins, qui me guettait à travers la haie.
Ce pitbull morose et baveux s’enfuit en courant et hurlant et je me pris les côtes tant une hilarité homérique me secoua alors.
Je me dis qu’il doit exister des êtres invisibles plein d’humour, supérieurs à nous autres humains. Pourquoi ne pas imaginer une suite 2.0 de l’évolution du Sapiens Sapiens, si imparfait ? Rattrapée par les métastases, les impôts, Alzheimer, la mauvaise haleine, l’évangélisme et le vote sanction, notre espèce n’allait-elle pas être remplacée par une autre, bien plus détachée des contraintes matérielles et de la mauvaise foi ? Darwin avait raison, et quelle est l’espèce qui doit laisser place à l’autre, de fait ?
Je décidai d’appeler mon visiteur la Horlu, car après tout il n’y avait pas de raison pour que ne soit pas une femme, non ? Je sais, vous pensez que je délire, tel un aliéné soigné par votre Charcot, au temps de la démence chassée à coups de douches froides et de bromure de potassium ?
Accusez-moi de troubles mentaux tant que vous y êtes ! Ah, quand même, oui, j’ai tendance à oublier où je suis, Docteur, mais sachez qu’un soir, je l’ai vue !

La Horlu (partie 1)

Au Printemps 2007, j’habitais encore dans ma villa des bords de Seine. C’est alors, Docteur, que ce phénomène s’est manifesté. J’avais vu passer, remontant vers Le Havre, un porte-containers brésilien tout noir, lisse et brillant et j’avais eu un début de fou-rire, je ne sais pourquoi. C’était une belle soirée d’été, il faisait doux.
Le soir même, je me couchai tôt et à peine endormi, eus l’impression que l’on me chatouillait et me susurrait des histoires drôles en même temps. Un peu comme si une mystérieuse créature s’était agenouillée sur moi et cherchait à me détendre. Je me réveillai en sueur, avec une douleur légère aux zygomatiques, 2 heures plus tard. Je vis, stupéfait, que la bouteille d’eau minérale placée sur ma table de chevet avait été bue entièrement.
Le doute me saisit. Je décidai soir après soir de retarder mon sommeil, écoutant France Musique, lisant des romans russe pleins de larmes et de neige, du Maupassant, voire du Proust (puis je m’écroulais sous ma couette, les lunettes encore sur le nez).
Hé bien, Docteur, chaque fois cette sensation se répétait. Je m’éveillai toujours plus détendu et joyeux, les muscles faciaux épuisés par tant de rire et d’ébaudissement. Fait amusant, ma bouteille d’eau se vidait de plus en plus dans mon sommeil. Je testais une autre nuit une canette de Fanta, qui resta pleine et de la Leffe blonde, qui fut vidée intégralement. J’en ris à gorge déployée, si fort que ma femme de chambre en fit tomber des verres qu’elle essuyait alors dans la cuisine. Ce n’était là qu’une des nombreuses péripéties que je connus alors.

lundi 5 novembre 2012

Further

Un matin de décembre 2029, je me promenais rue de Rennes, à Paris. Il pleuvait, j’écoutais la chanson Dead Souls de Joy Division sur mon e-mp3. Implanté dans mon oreille interne, l’appareil diffusait selon mes désirs la musique que je choisissais. Un clignement de paupière servait de validation à un menu qui défilait en 3D dans un champ de vision superposé sur mes rétines à la grise réalité parisienne. J’avais opté pour volume maximum.
Troublé par la puissance de cette chanson, je dus m’arrêter de marcher. Je m’appuyai contre un pas de porte, étourdi.
Je pense avoir perdu connaissance un moment, car je rouvris les yeux, me retrouvant, assis et épuisé. Plus de musique. Silence autour de moi.
Interloqué, je réalisai être dans une rue que je ne connaissais pas. Un environnement inhabituel. Du fracas d’une artère parisienne, me voilà au milieu d’une petite rue, bordée de maisons en briques ?
Quartier prolétaire. Ciel bleu.
D’un bond je me levai et fus frappé par les voitures tout autour.
 Un design d’il y a au moins 50 ans ! Les plaques d’immatriculation ! Britanniques, je les reconnus sans mal. Je hélai une passante, femme âgée engoncée dans un manteau à carreaux, l’air renfrogné : « Madame, excusez-moi ! Mais où sommes-nous ? » Elle me regarda d’un air hébété et répondit : » Been drinkin’ too much, hey luv’ ? ». Un accent à couper au couteau.
En Angleterre ? Quand ? Où ? Quel était ce sortilège ?
Je me précipitai au bout de la petite rue, vers un pub, y entrai et scrutai chaque détail, l’esprit en feu, les jambes tremblantes. Au mur, un calendrier indiquait une date impossible : 17 Mai 1980.
Buvaient au comptoir, jeunes et minces, le guitariste et le bassiste du plus grand groupe que Manchester aie produit.
Il me restait quelques heures pour empêcher un drame.

samedi 3 novembre 2012

Déjà !!!

Novembre étend sa grisaille poisseuse aux heures rabotées sur nos têtes pensives qui rêvent encore de couchers de soleil interminables face à des eaux cristallines. Mais ses agressions météorologiques ne sont que pipi de bactérie en regard de l'intrusion brutale de la voracité marchande absolue qui se fait appeler « Noël ».
Dès aujourd'hui, je reçois des veules catalogues de babioles enrubannées plein la boîte aux lettres et des suppléments brillants accrochés avec fourberie à tous mes magazines. Cela avait débuté il y a quinze jours aux dires de ma douce moitié qui avait alors fait disparaître illico presto de si écœurantes réclames, avant même que son époux ne rentre fourbu du labeur et ne voie ces immondices précurseurs, pour en être abattu, voire enragé.
La peste soit de cette dégoulinante anticipation marchande, poussant toujours davantage les emplettes prévisionnelles de consommateurs épuisés, au pouvoir d'achat sans cesse plus semblable au Lac Baïkal asséché qu'à la force débordante de l'ouragan Sandy ?
Et cette imagerie répétitive qui donne chaque décembre envie de vomir ? Ces rennes aux yeux glauques et traîneaux envahissants déclinés à toutes les sauces ? Ce dévoyé papa Nono aux joues rouges qui cache un salaire de misère sous une barbe artificielle ? Ces rubans étrangleurs et ce houx puéril, collé sur tant d'objets en promotion ? Ces sapins que l'on voudrait voir décoller en flammes à tout jamais, tels fusées flamboyantes ornées du martial sigle CCCP ?
Ras le bonnet, je rêve d'une année sans Noël, un moment de paix, de tranquillité et de villes non défigurées par ces décorations grossières, accrochées par de mornes employés municipaux sans enthousiasme qui nous rappellent qu'il est ordonné de ne décliner à l'infini qu'un seul verbe: acheter.


vendredi 2 novembre 2012

La vérité sur un best seller

Coup de cœur pour le pavé de Joël, Dicker : «  la vérité sur l’Affaire Harry Québert ». Le fil rouge en est un roman noir malsain, tortueux, plein de détails et de rebondissements.
Mais le procédé littéraire employé est fort habile. Il s’agit de la dissection de l’art d’écrire un livre. On y trouvera des conseils pour les écrivains,  tous les doutes de la créativité, l’analyse de la terrible panne d’inspiration et un froid avertissement sur les dessous pas roses de l’édition capitaliste. L’auteur est futé, car il nous mène par le bout du nez, tout en nous disant : « Regardez-bien, je vous fais côtoyer deux génies de la plume, le vieux loup et le jeune tigre, voyez, ils sont comme vous et moi, non ? «  Sauf que… non, ils sont plus troubles et troublés que vous et moi (j’espère, surtout pour vous).
Je répète : l’auteur est un rusé. Il nous raconte une bien ténébreuse affaire : un polar noir et bien gluant, au cœur de l’Amérique qui va au Temple, lève les yeux au Ciel mais vit dans la haine du voisin au quotidien, va chez le psy en douce et appliquerait la peine de mort sans jugement à coup de fusil de chasse tous les quinze jours. Et ferait bien danser les Lolitas sans culotte.
Sur ce canevas, il prend du recul et double donc son étoffe des affres de l’écrivain, qui pas à pas construit une œuvre.
Flash-back, avance rapide et reprise lancinante de bouts de l’histoire replacés dans un contexte différent sont les trucages utilisés pour ce qui est peut être un synopsis bien en évidence sur le bureau en teck de producteurs hollywoodiens.
660 pages, c’est du lourd, mais un bouquin qui prend une toile de Hopper comme illustration de couverture, c’est forcément du grand art.
Recommandé, approuvé. Ce Suisse est fort, merci pour le chocolat !