Bientôt,
il ne nous restera plus que la rage.
Quand
la dernière usine aura été fermée. Quand le dernier plan social
aura été annoncé. Quand travailler sera devenu une anomalie. Et
quand les pauvres, là-bas, auront tous été enchaînés pour
travailler sans filet, sans protection.
Nous
casserons les vitres et les vitrines, tous les parcs et tous les
parkings. Nous maudirons les nuages d'actions, les montagnes de
dividendes et les cieux dorés des vers solitaires qui ont tout
croqué, bouffé, ratiboisé.
En
vain, car les richesses ne sont plus de ce monde. En vain, car des
cigares nous ne verrons plus que fumée.
Nous
nous battrons contre qui ? Entre nous comme toujours, contre des
plus malheureux, contre des cottes de maille, des camions blindés et
des nuées de gaz. Contre des murs, des barreaux et des frontières.
Une fois Bruxelles brûlée, serons-nous bienheureux ? Sous les
cendres des ministères et des parlements, il n'y aura pas d'or,
ni de diamants.
Ceux
qui nous ont trahis, volés, vendus, où sont-ils passés, où
sont-ils cachés ? Comment torturer les traders, faire dégorger
les banksters, émasculer les boursiers, essorer les huissiers,
éviscérer les financiers ?
Prendre
un bateau pour les Îles Caïman et les paradis fécaux lointains,
ceux qui brassent les 0 et les 1 à tire d'aile de tout partage ?
Aller
à l'abordage, sabre au clair et trouver quoi ? Des bureaux
vides et des ordinateurs déjà déconnectés, un peu de sable et des
esclaves résignés ?
Rayer
la Suisse de la carte ? Couler Jersey à coups de canon ?
Recouvrir le Luxembourg de crachats ? Détacher Monaco de la
côte à coups de pioche et mettre le feu à leurs coffres-forts et
leurs princesses d'opérette ?
Ou
bien oublier tout ça, mettre le volume sur 10 et danser, mâchoires
serrées, en attendant le dégel ?
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