samedi 17 décembre 2011

Histoire d'en rire



La décision avait été prise, à coups de tableurs du crime et d’indicateurs vindicatifs.
On allait sous-traiter !
Les fournisseurs essorés firent leurs propositions.
Tout serait fabriqué au Bakouchistan. En avant ! Roulent les délais et tournent les machines, il fallait livrer par pleins camions, des containers ras la gueule et des navires si chargés que l’on voyait à peine émerger la casquette du capitaine tant ils étaient bas sur la mer d’huile de palme.
Pour les facturettes, no problemo, on envoie tout en République Sèche et cela coûtera  une poignée de noisettes OGM.
Cependant, au Bakouchistan, le niveau de vie avait considérablement augmenté ! Les ex-prolétaires aux dents cassées étaient tous syndiqués, motorisés et propriétaires à la montagne. Certains étaient obèses, d’autres en arrêt maladie. Les plus jeunes arrivaient en retard sur les chaînes de montage, vêtus comme des mannequins milanais et jonglant avec trois I-Fads en même temps. Fini les temps bénis où l’on chantait une petite chanson en baissant les yeux dans la cour de l’usine, face au drapeau et à la fin d’une petite séance de gym.
Idem en République Sèche ! Adieu les femmes aux dents cassées et à la face rougeaude émergeant d’un vieux fichu à fleurs, les ouvrières étaient de pimpantes blondes que le vieux contremaître devait supplier de travailler. Elles se vexaient et des grèves survenaient si l’espace sauna-massage-coiffeur venait à présenter des prestations moins bonnes que celles qu’elles exigeaient avec furie.
Alors, discrètement on re-sous-traita pour coller les usines dans le Pas-de-Calais et les bureaux dans les Bouches du Rhône.
Là au moins, les gens étaient si pauvres qu’on ne risquait pas grand-chose et que ça coûtait vraiment, vraiment une poignée de noisettes OGM !

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