jeudi 16 février 2012

Poker venteux

Il est tard, il fait nuit.
Le zappeur avance dans les chaînes de la TNT explosée.
Du poker ? Objet télévisuel abject à plans fixes. Une table, des grenouilleurs avachis, les bras ballants, l’air concentré comme du lait en tube.
Par Mercure, on s’en fracasse le coquillard que Kevin avec ses gros doigts boudinés retourne un 2 et un 7 en gros plan, alors que Jessica (95C) fasse semblant de faire la tronche avec son valet et son 9.
Les joueurs font assaut d’impassibilité et on lit dans leur regard comme le reflet d’un vide intérieur abyssal dans lequel tinte le bruit de l’appât du gain (symbolisé par des gros dollars bien gras). Quand ils n’ont pas des tenues de guignols urbains, avec ces capuches fatiguées ou du papier alu froissé, il nous est montré des bimbos à remous et des jackies à cran de raies, tartinés de gel fixant. Symptôme de la maladie libérale et frico-dépendante, ce type d’émission est hélas interminable (entendre aussi au sens entre minables). La preuve par 9 chaînes câblées que des amollis du ciboulot peuvent amasser des tas de pépettes, regarde ! Ô public des classes moyennes à qui l’on fait dire : « C’est top, non ? Et quand j’entends le mot kultur, je sors mon gun ! »  
Ou bien, tu vas sur Internet, tu cliques, et c’est Las Vegas dans ton deux-pièces pas encore payé et que Fadamidot ne décorera jamais ou ta bicoque à crédit trop loin du centre-ville mais à deux pas d’Auchan, hein, qui sera encore en travaux pour les 5 ans à venir.
Le zappeur est fatigué.
Il préfère encore voir un docu poussif mais en HD, à 2 de tension, regardant des fourmis qui découpent des feuilles en Amazonie pendant des plombes ou des lianes pousser en accéléré.
Dans la jungle, au moins, les singes ont l’air moins bêtes et plus humains qu’un carré de radasses.

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