samedi 10 décembre 2011

Le café 70's

Je buvais un expresso dans un café-tabac et fus soudain immergé dans un bulle d’espace-temps made in France.

Elle court, elle court la maladie d’amour, se mit à chanter la radio. Ce devait être le signal.

J’étais sur ma chaise, modèle 1968, incapable de bouger. La patronne, 60 ans, décolorée platine passe devant moi avec un « bonjour M’sieu » et s’en va inscrire les plats du jour sur l’ardoise. Filet de bœuf sauce béarnaise à 12,80, mais quand même harengs pommes à l’huile, 7 et œufs durs mayo à 5, 50. En francs ou en euros ? Je n’ose le demander, fixant sur une étagère poussiéreuse derrière le bar, une rangée de bouteilles bien alignées comprenant de l’Orangina et du Cacolac. Le pastis et l’whisky sont bien astiqués. Impossible de me mouvoir. Mon système auditif capte la conversation entre deux sexagénaires à blouson sur : « rouler bourré en auto, ben, c’est aussi dangereux que rouler bourré en voiture, en fait ». Un autre se saisit du journal et parle des impôts et de ceussent qui n’en paient jamais. Je touille mon café, l’air absorbé. On pourrait s’adresser à moi. 3 ouvriers en veste fluo ont laissé tomber la tranchée qu’ils creusaient dehors et s’exclament en un dialecte inconnu. Une vieille dame courbée demande du thé. Les verres contentant une serviette de papier savamment pliée attendent patiemment l’heure du déjeuner, tandis que des pots de moutarde recouverts d’une pellicule solide marron sur le dessus attendent un coup de petite cuillère. Sur le zinc, une boule en inox ouverte contient des morceaux de sucre enveloppés. Un appareil de télécoms relié avec l’an 1973 ? 
La machine à moudre le café émet un bruit assourdissant, mais personne ne semble l’entendre. Vais-je apercevoir Pompidou en couverture du quotidien posé à côté de moi ?

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