jeudi 18 octobre 2012

Extrait sec

Bientôt, il ne nous restera plus que la rage.
Quand la dernière usine aura été fermée. Quand le dernier plan social aura été annoncé. Quand travailler sera devenu une anomalie. Et quand les pauvres, là-bas, auront tous été enchaînés pour travailler sans filet, sans protection.
Nous casserons les vitres et les vitrines, tous les parcs et tous les parkings. Nous maudirons les nuages d'actions, les montagnes de dividendes et les cieux dorés des vers solitaires qui ont tout croqué, bouffé, ratiboisé.
En vain, car les richesses ne sont plus de ce monde. En vain, car des cigares nous ne verrons plus que fumée.
Nous nous battrons contre qui ? Entre nous comme toujours, contre des plus malheureux, contre des cottes de maille, des camions blindés et des nuées de gaz. Contre des murs, des barreaux et des frontières. Une fois Bruxelles brûlée, serons-nous bienheureux ? Sous les cendres des ministères et des parlements, il n'y aura pas d'or, ni de diamants.
Ceux qui nous ont trahis, volés, vendus, où sont-ils passés, où sont-ils cachés ? Comment torturer les traders, faire dégorger les banksters, émasculer les boursiers, essorer les huissiers, éviscérer les financiers ?
Prendre un bateau pour les Îles Caïman et les paradis fécaux lointains, ceux qui brassent les 0 et les 1 à tire d'aile de tout partage ?
Aller à l'abordage, sabre au clair et trouver quoi ? Des bureaux vides et des ordinateurs déjà déconnectés, un peu de sable et des esclaves résignés ?
Rayer la Suisse de la carte ? Couler Jersey à coups de canon ? Recouvrir le Luxembourg de crachats ? Détacher Monaco de la côte à coups de pioche et mettre le feu à leurs coffres-forts et leurs princesses d'opérette ?
Ou bien oublier tout ça, mettre le volume sur 10 et danser, mâchoires serrées, en attendant le dégel ?



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