Novembre
étend sa grisaille poisseuse aux heures rabotées sur nos têtes
pensives qui rêvent encore de couchers de soleil interminables face
à des eaux cristallines. Mais ses agressions météorologiques ne
sont que pipi de bactérie en regard de l'intrusion brutale de la
voracité marchande absolue qui se fait appeler « Noël ».
Dès
aujourd'hui, je reçois des veules catalogues de babioles enrubannées
plein la boîte aux lettres et des suppléments brillants accrochés
avec fourberie à tous mes magazines. Cela avait débuté il y a
quinze jours aux dires de ma douce moitié qui avait alors fait
disparaître illico presto de si écœurantes réclames, avant même
que son époux ne rentre fourbu du labeur et ne voie ces immondices
précurseurs, pour en être abattu, voire enragé.
La
peste soit de cette dégoulinante anticipation marchande, poussant
toujours davantage les emplettes prévisionnelles de consommateurs
épuisés, au pouvoir d'achat sans cesse plus semblable au Lac Baïkal
asséché qu'à la force débordante de l'ouragan Sandy ?
Et
cette imagerie répétitive qui donne chaque décembre envie de
vomir ? Ces rennes aux yeux glauques et traîneaux envahissants
déclinés à toutes les sauces ? Ce dévoyé papa Nono aux
joues rouges qui cache un salaire de misère sous une barbe
artificielle ? Ces rubans étrangleurs et ce houx puéril, collé
sur tant d'objets en promotion ? Ces sapins que l'on voudrait
voir décoller en flammes à tout jamais, tels fusées flamboyantes
ornées du martial sigle CCCP ?
Ras
le bonnet, je rêve d'une année sans Noël, un moment de paix, de
tranquillité et de villes non défigurées par ces décorations
grossières, accrochées par de mornes employés municipaux sans
enthousiasme qui nous rappellent qu'il est ordonné de ne décliner à
l'infini qu'un seul verbe: acheter.
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