vendredi 2 novembre 2012

La vérité sur un best seller

Coup de cœur pour le pavé de Joël, Dicker : «  la vérité sur l’Affaire Harry Québert ». Le fil rouge en est un roman noir malsain, tortueux, plein de détails et de rebondissements.
Mais le procédé littéraire employé est fort habile. Il s’agit de la dissection de l’art d’écrire un livre. On y trouvera des conseils pour les écrivains,  tous les doutes de la créativité, l’analyse de la terrible panne d’inspiration et un froid avertissement sur les dessous pas roses de l’édition capitaliste. L’auteur est futé, car il nous mène par le bout du nez, tout en nous disant : « Regardez-bien, je vous fais côtoyer deux génies de la plume, le vieux loup et le jeune tigre, voyez, ils sont comme vous et moi, non ? «  Sauf que… non, ils sont plus troubles et troublés que vous et moi (j’espère, surtout pour vous).
Je répète : l’auteur est un rusé. Il nous raconte une bien ténébreuse affaire : un polar noir et bien gluant, au cœur de l’Amérique qui va au Temple, lève les yeux au Ciel mais vit dans la haine du voisin au quotidien, va chez le psy en douce et appliquerait la peine de mort sans jugement à coup de fusil de chasse tous les quinze jours. Et ferait bien danser les Lolitas sans culotte.
Sur ce canevas, il prend du recul et double donc son étoffe des affres de l’écrivain, qui pas à pas construit une œuvre.
Flash-back, avance rapide et reprise lancinante de bouts de l’histoire replacés dans un contexte différent sont les trucages utilisés pour ce qui est peut être un synopsis bien en évidence sur le bureau en teck de producteurs hollywoodiens.
660 pages, c’est du lourd, mais un bouquin qui prend une toile de Hopper comme illustration de couverture, c’est forcément du grand art.
Recommandé, approuvé. Ce Suisse est fort, merci pour le chocolat !

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